Salle Jaz du musée de la Section d’Or Ville de Puteaux 2019

Situé au 5 de la rue Paul Bert à Puteaux, ville où se trouvait la première usine Jaz , le musée de la Section d’Or a ouvert ses portes en mai 2019 à l’occasion de la Nuit des Musées. Autrefois lieu d’habitation d’une famille d’artisans putéoliens, le bâtiment est désormais dédié à l’histoire picturale et industrielle de la ville. Le rez-de-chaussée, géré par la direction des Archives, est consacré à d’anciennes industries. Au début du XX° siècle, Puteaux était en effet une ville très industrialisée que nous avons largement évoquée dans notre article sur l’usine Jaz de Puteaux . Voyez cette vidéo sur ce musée .

Salle consacrée à l’usine Jaz et ses productions. La présentation est élégante mais l’espace est trop restreint pour ne serait ce que résumer l’ampleur de la production de l’usine Jaz de Puteaux. Les vitrines basses ne sont pas idéales pour exposer des réveils, d’ailleurs les autres musées, comme celui de Besançon, utilisent de hautes vitrines pour mettre les horloges à hauteur du regard. Nous sommes un peu étonnés de n’avoir pas été contactés par les autorités putéoliennes quand la commune voisine de Nanterre nous a gentiment invité et consulté pour une implication de la marque Jaz moins importante dans un événement local.

Le véritable problème n’est même pas là: nous n’avons pas encore réussi à visiter l’endroit, pas seulement en raison de la crise sanitaire. Comme l’avait prédit l’opposition politique à la municipalité, le lieu est très mal choisi: il s’agit d’un petit pavillon de banlieue à la base, exigu, assez inélégant, mal signalé, situé dans un ancien quartier d’habitations, quasiment sans commerces ni chalands, visitable uniquement par groupes et sur réservation. Même sur internet ce musée est quasi invisible: alors que nous effectuons tous les jours des recherches sur Jaz, ce n’est qu’un an après son « ouverture » (le terme se discute) que nous découvrons, effarés, son existence.

Une première salle du musée présente les parfumeurs locaux et leurs créations comme Coty, Houbigant, Chevalier d’Orsay, Phebel, tandis qu’une seconde expose quelques réveils  Jaz. La troisième est consacrée à l’histoire aéronautique de Puteaux à travers notamment la société Morane-Saulnier. Dans les étages, sous l’expertise de la direction du bureau de la Culture de Puteaux, sont exposées les œuvres d’artistes putéoliens de la Section d’Or tels que Kupka, Léger, Picabia, etc. 

Les frères Duchamp dans le jardin de l’atelier de Gaston Duchamp (dit Jacques Villon) 7 rue Lemaître à Puteaux

Le nom Section d’Or est le nom que s’était donné le groupe de Puteaux.
Dès 1911, un ensemble d’artistes et de critiques, dont Frantisek Kupka, Albert Gleizes, Jean Metzinger, Marcel Duchamp, Fernand Léger, Apollinaire et bien d’autres, se réunissent chaque dimanche à Puteaux dans l’atelier de Jacques Villon, au 7 de la rue Lemaître dans le centre de Puteaux. Cette Section d’Or, baptisé d’après le principe du nombre d’or de la Renaissance, à la base de leur théorie artistique, a joué un rôle déterminant dans l’histoire du cubisme. 

CLUSES et la Vallée de l’Arve dite Technic Vallée

Cet article est une partie d’un ensemble d’articles qui ont pour but de décrire les principaux bassins horlogers européens, de démontrer que l’histoire religieuse et politique de ces régions est, en grande partie, à l’origine de leurs implantations très spécifiques.

Depuis 300 ans, les habitants des communes de Cluses et des environs sont des grands techniciens au savoir-faire, encore réputé de nos jours. Appliquée d’abord à l’horlogerie puis au décolletage et à la micro-mécanique, l’industrie de la vallée de l’Arve est très largement une activité de sous-traitance. Néanmoins de grandes entreprises ont été fondées, dans cet espace restreint, par des élèves de l’Ecole Nationale d’Horlogerie, voir l’exemple des Carpano. Pour cette raison, la vallée de l’Arve est aussi nommée Technic Vallée par analogie avec la Silicon Valley de Californie, la Vallée de Joux  pour la Haute Horlogerie et la Plastic Vallée d’Oyonnax.Cluses_31460_La-ville-de-Cluses-depuis-le-sommet-ouest-du-ChevranLa ville de CLUSES est, comme son nom l’indique, située dans une vallée entourée de montagnes. Effectivement une cluse est une vallée creusée perpendiculairement dans une montagne par une rivière, parfois élargie par un glacier. 
Le cadre de cette ville de Haute Savoie est encastré mais spectaculaire et splendide. 
haute-savoie-genecc80ve-annecy-cluses Cluses est à mi- chemin de Genève, 45 km et de Chamonix 40 km. On comprend que Jaz, pour ses besoins en haute horlogerie, implante une petit usine rue des Romains, à Annecy, à 65 km de Cluses.

CLUSES, l’autre grand bassin horloger français, après Besançon, n’a pas toujours été français. Pour autant, il n’a jamais été italien, comme on peut le lire trop souvent. C’est une Fake News. La Fac News, donc enseignée en Faculté d’Histoire, c’est que la Savoie était Sarde ou Piémontaise. S’il n’y a qu’une seule chose à retenir de cet article: ce sera, qu’avant 1860, l’Italie n’existe pas! Michel-Ange est florentin, le Titien est vénitien, Le Caravage est milanais et Léonard de Vinci, petite bourgade toscane. Tous parlent l’italien, mais aucun d’entre eux n’est italien. Anachronisme qui n’est pas qu’anecdotique, puisque ces États pré-unitaires de langue italienne ont des cultures très différentes et des histoires – souvent conflictuelles – et incroyablement alambiquées.

La Savoie a été occupée, voire annexée, à plusieurs reprises. Par les Français: 1536 à 1559 ; 1600 à 1601 ; 1689 puis 1703 à 1713 ; par les Espagnols 1742 à 1749 et à nouveau par la France durant la Révolution Française et le Premier Empire de 1792 à 1814, puis c’est la Restauration Royale Piémontaise et enfin l’annexion au Second Empire en 1860. Nous allons essayer de vous décortiquer cette salade piémontaise, en se limitant à la période horlogère.

Après ces diverses occupations, avec des allers-retours entre la France et l’Espagne, la Savoie est rendue à la Maison de … Savoie, en 1713,  et donc à Victor-Amédée II, qui avait reçu en héritage la beauté et la couronne de Sicile. En 1718, il échange les deux, de force avec l’Autriche, contre la Sardaigne devenant Roi de Piémont-Sardaigne. Exit la Sicile et excite la Sardaigne qui se voulait indépendante. La Savoie est dès lors qualifiée de «sarde», avec Turin pour capitale. Ce nouvel ensemble, installé des deux côtés des Alpes, est séparé par deux frontières infranchissables, celle de la langue et celle des Alpes. Mais ce Savoie participe très peu au développement de la région dont il porte le nom. Très autoritaire, excessivement pragmatique, secret et volontiers suspicieux envers ses parents et contemporains, très solitaire et sans grands principes, ni intelligence intellectuelle. Un vrai prince sans rire. Pour le flatter, on pourrait dire que Victor Amédée II est le créateur de l’absolutisme bureaucratique , on a bien dit pour le flatter. Alors imaginer que le Roi sarde daigne se pencher sur son enclave savoyarde, relève de l’utopie. Pourtant c’est sous son règne qu’un certain Ballaloud, revenant d’Allemagne introduit l’horlogerie dans le Faucigny, une des six provinces de Savoie où se trouve Cluses, en transmettant son savoir dans les villages alentours.

En hiver, ces âpres monts sont hostiles pour les paysans qui, hors saisons estivales, passent de l’étable à l’établi. Ils se convertissent en fabricants de pièces d’horlogeries, mal vendues à Genève, où se trouvaient les seuls ouvriers capables de finir des montres. De plus en plus mal vendues d’ailleurs, puisque le monarque ne facilite pas l’importation des bons métaux et que le savoir faire ne se transmettant que de père en fils, le niveau de la qualité baisse. En outre le Roi requiert, en guise d’impôts, des tâches agricoles de plus en plus lourdes, et les doigts deviennent trop gourds pour l’horlogerie. Que pouvaient espérer les Clusiens des Genevois? Rien puisqu’ils paient mal, quand ils paient. Effectivement, s’agissant d’Etats distincts, il est impossible aux Clusiens de faire respecter les décisions des tribunaux sardes contre les suisses qui les bernent.    

En 1777, pour se libérer de ce joug helvète, deux industriels clusiens proposent d’établir un comptoir pour livrer au public des montres finies et réglées. Refus par le mutisme du nouveau roi,  Victor-Amédée III, petit fils du précédent, qui scelle la fin de l’éventualité d’une montre savoyarde, définitivement. En 1789, le Conseil de Cluses revient à la charge, auprès du Roi, sans résultat , idem en 1790 pour la même non-réponse.              Ses armes sont très chargées,  reflétant son royaume morcelé : Royaume de Chypre-Jérusalem, Montferrat, Comté de Genève, cheval effrayé des Saxe, Croix de Savoie, têtes de Maures de Gênes, Saluces, Sardaigne, Chablais, Aoste, etc… qui va se réduire comme peau de chagrin avec l’invasion des armées républicaines françaises qui réduisent le royaume de Sardaigne à sa partie insulaire: la seule Sardaigne. Avec Napoléon la situation empire pour le Royaume de Sardaigne, qui se voit divisé en départements.carte départements Cette carte des nouveaux départements français du Sud, sous le Premier Empire, éclaire à elle seule, le changement de situation pour la Savoie devenue département du Mont Blanc. On notera la Corse scindée en deux département, avec une belle symétrie: Golo au Nord et Liamone au Sud. Mais l’incidence la plus importante est que Genève, chef lieu du département français du Léman, est pour la première fois intégré à la même entité qu’est l’Empire Français, donc plus de taxes, plus d’octroi, plus de frontières entre Cluses et Genève! Voilà qui ne pouvait que servir les intérêts des savoisiens qui souffraient de lourds handicaps administratifs allant jusqu’au manque de matières premières. Les débouchés commerciaux deviennent naturels avec le Léman, le Jura et le Doubs.                                                                                                                                 

On ne peut pas dire que l’Empire favorise particulièrement la Savoie, qui bénéficie juste d’un climat général favorable à l’industrie et au commerce. Cela se corse même, lorsque Napoléon se voit offrir une montre chronomètre, par Emmanuel Lipmann en 1807. Besançon vole alors la vedette à Cluses, pour toujours, en matière de montres finies. Le général Bonaparte était, par ailleurs précédemment, l’un des plus fidèles clients d’A.-L. Breguet. Un mois avant la campagne d’Egypte, il va dans la boutique du Quai de l’Horloge acheter trois montres à Breguet, qui créera pour sa sœur Caroline Murat, Reine de Naples, la première montre-bracelet de l’histoire en 1810.                                                                                                                                                                                 

En 1815, après Waterloo, en France c’est la Restauration des Bourbons et dans les Etats Sardes c’est la Restauration des Princes de Savoie, après 23 ans d’occupation des troupes révolutionnaires puis napoléoniennes. Victor Emmanuel I° est donc le pendant de Louis XVIII en France, mais en moins onctueux. Dès son arrivée, il abolit d’un trait de plume acérée toutes les lois parues depuis les constitutions royales de 1770, révise les décisions judiciaires, restaure les institutions disparues depuis le début de l’occupation française, renomme les anciens fonctionnaires royaux, rétablit les droits coutumiers de Savoie et les vieux droits de bandite du comté de Nice, les privilèges, la dîme, le système de majorat, le droit de mainmorte, la censure religieuse contre les ouvrages pervers ou immoraux, redonne à la noblesse la place qui était la sienne avant la Révolution dans l’armée et rétablit les droits féodaux de la couronne, évidemment.

Radeau de la Méduse En France, Louis XVIII est moins radical, mais il commet la même erreur en rappelant aux commandes des nobles dont la valeur ne tient pas aux nombres des années. L’exemple le plus connu est le Naufrage de la Méduse en 1816. Chez le capitaine de la Méduse, qui n’avait pas navigué depuis vingt ans, la particule l’emporte sur la partie tête. Il échoue, et son bateau et sa mission, faisant 160 morts. C’est pire en Piémont Sardaigne, avec le retour des gâteux de Savoie. Ce néo-féodalisme réjouit peu les savoyards, d’autant que cette séparation prolongée du joug royal avait laissé des traces: les valeurs républicaines, les similitudes culturelles par rapport à la France et la distance linguistique avec le reste du royaume sarde, totalement italophone, où ils se ressentent comme une minorité. Menacé par une insurrection populaire, partout dans le royaume, dont on peut imaginer les motivations, il abdique en faveur de son frère, Charles-Félix, en 1821, plutôt que de lâcher quoique ce soit. Inutile de dire que la vallée de L’Arve et son industrie horlogère s’effondrent.                                                              

En 1844, un violent incendie dévaste complètement la cité horlogère. Peu de bâtiments subsistent. Excellente nouvelle que cette catastrophe qui donne paradoxalement naissance à une « Cluses moderne », exactement comme pour Sallanches, à 16 km seulement dans la même vallée,  qui avait été aussi totalement dévastée par le feu quatre ans plus tôt. Les deux villes sont reconstruites selon un plan et un règlement d’urbanisme, inspiré de Turin, visant à prévenir les risques d’incendie, intégrant les règles hygiénistes en vogue à l’époque et prévoyant l’extension urbaine.

Statues de Charles-Albert de Savoie

Charles-Albert, le nouveau Roi de Piémont Sardaigne et Duc de Savoie, pas loin du despote éclairé, voit bien de ce fait, qu’il faut enfin concéder une Ecole Horlogère. Elle est installée en 1846 dans l’ancien couvent des Cordeliers de Cluses pour dynamiser l’économie locale, enfin! Ecole Nationale d'horlogerieEcole qui n’a de royale que le nom car les moyens manquèrent ; elle ne profitera que des reliquats des secours versés aux incendiés et accueille 24 élèves seulement. Néanmoins cela amorce l’expansion de l’industrie horlogère de qualité en Savoie.                                                                                                                                                                  Cavour Napoléon IIIEn 1858, le sort de la Savoie va se jouer dans les Vosges à Plombières, ville thermale où Napoléon III prend les eaux et se mouille lors d’une entrevue secrète avec Cavour. L’Empereur accepte d’aider la famille de Savoie à unifier l’Italie, à condition que le Pape reste maître de Rome et que le comté de Nice et le duché de Savoie soient cédés à la France et que Marie-Clotilde de Savoie épouse Jérome Bonaparte, son cousin.

En 1859, l’Aigle Impériale et la Croix de Savoie sont donc réunies par le mariage de Marie-Clotilde de Savoie , fille du Roi Victor-Emmanuel II , avec le cousin de L’Empereur qui avait arrangé cette union, Jérôme Bonaparte ,  surnommé Plon Plon ou Napoléon V, il sera prétendant au trône, mais jugé trop « rouge » les bonapartistes lui préfèrent son fils Victor, duquel les actuels héritiers du Trône impérial descendent.

En particulier l’actuel chef de la maison Impériale, S.A. le Prince Impérial Charles Bonaparte, ami du rédacteur de ces lignes, mais par un étrange parallèle avec son ancêtre, il est à son tour  jugé trop « rouge » et les bonapartistes lui préfèrent son fils Jean Christophe Napoléon.    

En 1860, le Second Empire contre attaque avec l’annexion de la Savoie à la France par plébiscite qui s’avère être un raz de marée impérial, lequel entérine l’accord secret de Plombières .GMLC-246-000_9-2012 © Mobilier nationalPendule Japy à la gloire de Napoléon III , 90 cm de hauteur !( Isabelle Bideau Mobilier National 01/ 2019 ) 

Le 3 Septembre 1860, le couple impérial est à Cluses dans le cadre des festivités pour l’annexion de la Savoie. L’Impératrice et son époux montent à la mer de Glace. L’Empereur accorde sur sa cassette particulière une pension de 1.200 francs à l’Ecole d’Horlogerie de Cluses.breguet 1860 Cette même année 1860 a lieu l’Exposition Universelle de Besançon qui lui permet de se positionner en tant que Capitale de la montre française. Le Prince Victor, le fameux Plon Plon, lui accorde son parrainage et pourtant Napoléon III refuse à Besançon les subsides pour une Ecole Nationale d’Horlogerie, si bien qu’en 1862 c’est une simple école municipale d’horlogerie qui ouvre dans la préfecture du Doubs.

fête vénitienne Lace D'annecyLa barge impériale pour la fête vénitienne de l’annexion de la Savoie sur le Lac d’Annecy en 1860.

En 1863, Napoléon III reconnaît l’existence de l’école de Cluses qui devient impériale et la dote d’un vrai budget. En cette même année 1863, il y a 2.400 ouvriers horlogers répartis sur 24 communes dans la vallée de L’Arve, contre 600 sur neuf communes, avant l’incendie seize ans plus tôt. Dans toute l’Europe occidentale, la période du Second Empire correspond à une phase de croissance économique. Napoléon III bénéficie de ce contexte favorable, l’encourage et l’exploite intelligemment pour développer l’économie française, permettant un certain décollage industriel. De nouvelles grandes banques de dépôt ou d’affaires, comme le Crédit Lyonnais ou la Société Générale drainent l’épargne des Français et investissent leurs fonds dans l’industrie et le commerce, elles sont le véritable moteur de la croissance. Jamais la France n’a été si riche. Napoléon III se préoccupe sincèrement de la condition ouvrière, auteur qu’il est de L’extinction du Paupérisme , encourageant la charité et l’assistance. En 1864, il autorise le droit de grève et permet l’existence de certains syndicats.                                                                                                                                                                                                                                                                                            musee-horlogerie-decolletage-cluses-france-3 De Royale, puis Impériale, l’Ecole devient évidemment Nationale lors de la création de la Troisième République en 1871; à la fin des années 1880, une crise frappe l’industrie horlogère bisontine qui tarde à se moderniser, employant encore des paysans qui devenaient horlogers que l’hiver, tandis que les suisses se lançaient dans les procédés industriels modernes comme la famille Brandt, co-fondatrice de Jaz. bretton 1874carpan10Dans la vallée de Cluses, au contraire l’expansion est permanente entraînée par le succès des CARPANO, des BRETTON et autres grands fabricants. Mais peut on encore parler de concurrents, tant les productions savoyardes et bisontines se complètent ou se diversifient de plus en plus?

En 1904, un drame éclate à Cluses autour des élections municipales, où des ouvriers syndiqués sont élus et s’opposent aux listes de patrons locaux, et en marge d’un mouvement de grèves autour de l’usine Crettiez, suite au renvoi de sept ouvriers. Le patron Claude Crettiez était une forte personnalité, un de ces paysans- horlogers qui est devenu un notable avec 200 ouvriers à domicile et 61 ouvriers en usine. Usine dont les manifestants cassent les fenêtres, dont il exige le remboursement, lequel ne vient pas.  D’autres patrons se proposent de payer les vitres afin d’arrêter une grève qui paralyse toute l’activité dans la vallée, mais Crettiez, obstiné, refuse. La situation s’envenime donc.crettiez emeutes_juillet_1904_clusesMille manifestants menaçants, assiègent l’usine Crettiez . Bilan macabre : trois morts et trente neuf blessés sous les fusils des fils Crettiez qui ont pris peur .

Crettiez incendiéEn représailles, l’usine CRETTIEZ est incendiée. L’armée est revenue dans la ville de peur d’émeutes pendant l’arrestation des ouvriers poursuivis pour « pillage ». Le 3 octobre 1904 , le vieux patron revient à Cluses : il est accueilli par 700 manifestants qui harcèlent de projectiles l’armée le protégeant.Crettiez père et ouvriersCrettiez les frèresUn procès retentissant juge en même temps les fils Crettiez et les ouvriers incendiaires Le 28 novembre 1904, le verdict tombe: les fils Crettiez sont condamnés et les ouvriers sont acquittés défendus par Aristide Briand , alors avocat et député de la Loire. 

Aristide BRIAND, onze fois président du Conseil et vingt-six fois ministre sous la Troisième République, il reçoit le prix Nobel de la paix en 1926. Mais ce sont encore cinq-cent manifestants qui s’opposent le 11 juin 1905 au retour d’Henri Crettiez, un des fils condamnés à un an de prison. L’affaire LIP paraît bien plus civilisée.

En 1910, à l’occasion du Cinquantenaire de la Réunion de la Savoie, le président de la République Française se rend dans la région et visite l’Ecole d’Horlogerie de Cluses.

fallièresUn mois plus tôt, Fallières était à Besançon pour inaugurer statues, avenues, hôtel des postes et visiter l’exposition d’horlogerie dans les bâtiments des musées, avant de se rendre en Suisse et équilibrer l’intérêt de la République pour les deux régions horlogères.

large Le comité des fêtes savoyards ne voulait pas qu’il se rende directement de Savoie en Suisse  afin que les helvètes ne tirent pas «parti de notre réclame» (dixit). C’est donc depuis Besançon que Fallières prolonge son périple afin de se rassurer sur ce que la neutralité suisse pouvait impliquer en cas de conflit.                                                                   usine électriqueA la fin du XIXe siècle, Cluses vit une petite révolution industrielle grâce à l’énergie hydroélectrique et au développement du machinisme et des usines, et compte alors plus de 2 000 habitants.

train vapeur savoie Le chemin de fer arrive en 1890.                                                                                                    ouvriersLe début du XXe siècle est l’occasion d’un nouveau tournant pour Cluses et l’ensemble de la région. Le décolletage, technique d’usinage utilisé dans la production horlogère, devient une industrie à part entière en multipliant ses débouchés : industrie automobile, aviation, armement, téléphonie, électroménager, aéronautique, etc.

Quelques exemples des nombreuses diversifications de la Vallée dont certaines ont déjà été détaillées dans notre article sur les Carpano.

La Deuxième Guerre mondiale n’arrête pas l’expansion de l’industrie du décolletage, au contraire. Elle connaît son âge d’or, avec les « Trente Glorieuses » de 1945 à 1974: les besoins du pays sont énormes et dans presque tout produit manufacturé, il y a des pièces décolletées. Cluses_vue_du_ChevranL’expansion phénoménale de l’industrie entraîne un afflux démographique la ville de CLUSES passe de 3 416 habitants en 1946 à 15 268 en 1975 et un développement urbain sans précédent où  les nouveaux quartiers poussent comme des champignons.                                  La Technic Vallée est le triomphe de la sous traitance

Usine de Puteaux 1919 à 1964

Carte_France_geo_dep2Les implantations géographiques de Jaz sont de deux ordres : les sites de productions et les bureaux d’administration . Les lieux de productions comprennent : l’usine de Puteaux , l’usine SAP de Colmar , l’usine-laboratoire de Nanterre , l’usine de Wintzenheim , la petite usine d’Annecy , le site des montres à Villers le Lac pour la France . Pour l’étranger : l’usine indienne SIFCO Jaz/Favre-Leuba , l’usine brésilienne IBREL de Manaus et l’usine Jaz espagnole .

VENDRE n°5 Mars 1924 ours page 312Texte de Ivan Benel , co-fondateur de Jaz , dans Vendre Mars 1924                                                                                                                                                                     Fondée en 1919 , Jaz ne commencera à produire qu’en 1921 , le temps de recevoir les rapports des employés envoyés aux Usa pour étudier les méthodes industrielles américaines , de  concevoir les premiers calibres mécaniques et de construire son usine à Puteaux . Elle est située avenue Saint Germain , ensuite nommée Route nationale n°13 , puis au moment des travaux devenue avenue du Président Wilson , s’agissant de Woodrow WILSON , président américain , d’abord neutre et isolationniste , qui engage les USA dans le conflit mondial en 1917 , fonde la Société des Nations et obtient le Prix Nobel de la Paix , cette même année 1919 ; Avenue Wilson qui prendra le nom du Général de Gaulle après la seconde guerre mondiale .Jaz versus Allemagne N’oublions pas que la CIMH , raison sociale de Jaz , est née du traumatisme de la Grande Guerre , de son impact économique et humain , de la volonté de proposer un réveil qui écrase l’offre allemande en France et à l’international : JAZ a vraiment failli s’appeler OZARM , qu’il faut bien entendre comme le revanchard début de la Marseillaise : Aux Armes !

avenue du pdt wilson L’usine Jaz est juste à droite , hors champ . Encadré en rouge: le monument de la Défense de Paris ; Devant la statue , le tramway et la station où descendaient les ouvriers pour se rendre au travail , pour ceux qui venait des communes limitrophes de la couronne desservies par le tram électrique sur rail dont on voit un caténaire sur son pylône .

Les ouvriers qui venaient de Paris ou de l’Est Parisien prenaient le métro puis le bus ..ligne38_28a..ou le tramway , lignes 47/43 ou 85 depuis le métro Neuilly  . Ils bénéficiaient d’un tarif spécial coupon retour ouvrier à certains horaires . Puteaux  est une petite commune de 319 hectares – soit moins que le  VIII° arrondissement de Paris – avec une forte déclivité , l’altitude variant de 29 à 78 mètres . Jaz était implanté dans le Haut-Puteaux comme beaucoup d’usines , tandis qu’un autre groupe , encore plus important  d’industries longeaient les quais de Seine .Jaz entrée des ateliers Il existait également cette autre entrée pour les ouvrières , depuis le bas de Puteaux . L’usine , non- visible puisque non encore bâtie , se trouvera tout en haut à droite . La rue des Pincevins , longue de 523 mètres , est élargie et viabilisée en 1896 puis renommée Edouard Vaillant , le 3 juin 1925 . Elle ne fait plus de nos jours que 323 mètres de long .rue des Pincevins 1928L’oblitération est de 1928 mais la carte est bien antérieure , c’est précisément sur ce plateau , en haut de la rue des Pincevins , à gauche , que sera construite l’usine Jaz .prospectus-1923-page-21catalogue 1934-35 page 0 Jaz Tarif 1936 0L’usine est tout d’abord officiellement sise au 73 avenue du Président Wilson puis au 7 ( pas en raison d’un déménagement mais d’un changement de numérotation ) . En 1936 , en raison de ses agrandissements , elle est domiciliée au 46 rue Edouard Vaillant , la petite rue perpendiculaire descendante qui longeait l’usine , précédemment rue des Pincevins . pincevins (2)L’usine est donc édifiée sur la parcelle dite La Demi-Lune , avec entrée donnant d’abord  sur la rue des Pincevins .prospectus-1923-page ruesAinsi s’explique un changement d’adresse qui intriguait les collectionneurs : l’usine n’a pas bougé , c’est la domiciliation qui varie à angle droit !                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Consultez notre article relatif aux autres usines horlogères ( article à venir ) 


Prospectus 1923 page 2Prospectus 1923 page 21 . Ce document , comprenant des informations techniques , est destiné aux professionnels de l’horlogerie , revendeurs , etc . Une page est consacrée à l’usine de Puteaux construite en 1919/1921 . Derrière un bâtiment rectangulaire de trois étages , fortement vitrée , on comptabilise la toiture en dents de scie de six sheds prospectus-1923-page-7Dans ce même fascicule , on trouve quatre vues de l’intérieur de l’usine Jaz de Puteaux prospectus-1923-page-41Comme la majorité des usines d’avant l’électrification , les machines étaient animés par des courroies : l’usine Jaz n’échappait pas à la règle de la transmission de l’énergie par ces bruyantes sangles et poulies , qui nécessitait des employés uniquement dédiés à leur entretien , réglages et réparations .prospectus-1923-page-51On notera la séparation des tâches dans les différents ateliers entre ouvriers et ouvrières
prospectus-1923-page-61Chez Jaz , les ouvrières , que nous voyons en blouses à leurs postes , ont été formées en interne à des tâches peu spécialisées et mal payées , comme en témoignent les différents mouvement sociaux qui secoueront la manufactures et dont nous nous ferons l’écho dans un prochain article . Ces vues , des grands ateliers Jaz à Puteaux , marquent une étape capitale dans l’histoire de l’industrialisation de l’horlogerie , puisque précédemment la fabrication de pièces fonctionnait traditionnellement selon le procédé dit de l’établissage : des artisans spécialisés travaillent à domicile et fournissent chacun un élément très spécifique . Les pièces sont ensuite collectées et assemblées par un « établisseur » , selon le principe de la production proto -industrielle , dont Frédéric Japy  est le promoteur . Pour chaque poste de travail , Japy conçoit une machine-outil adaptée et capable d’opérer une production en série . Ainsi , il augmente à faible coût les cadences de production , tout en réduisant la main d’œuvre nécessaire . usine JapyPour Japy , l’un des pionniers du paternalisme moderne , l’étape suivante consiste à regrouper ses ouvriers autour de sa fabrique pour minimiser les coûts de transfert . maisons JapyAprès avoir développé un système de division du travail pour son usine d’ébauches de montres , Japy décide en effet d’installer ses ouvriers au plus près de leur lieu de travail . Il fait construire une aile de logements attenante à l’usine et des pavillons . Les ouvriers mangent le soir à la table du patron . Pour Jaz , rien de tout cela , qui puise dans le bassin ouvrier de l’ouest parisien sa main d’œuvre , plus ou moins qualifiée .verso 1 & 2Extrait d’un petit prospectus de 1924 – que l’on trouvait plié dans les boîtes de Jaz donc destiné aux particuliers . Les différences avec l’image précédente sont minimes .           Les éléments qui amène l’implantation de cette usine à Puteaux sont multiples : un emplacement libre , suffisamment important et pouvant être agrandi puisqu’il le sera  , dans un tissu urbain peu dense mais proche de logements ouvriers , desservis par des transports en communs pour le personnel ou le train pour les fournitures , proche de Paris où se trouve les bureaux de la Direction et du Service Commercial .maison-carton-versoJaz avait distribué un petit triptyque en forme de maison , à destination du public , carton espagnol 2en Espagne même communication sur la nouvelle usine de Puteaux usine Jaz et DéfenseLa statue de Barrias est un excellent point de repère pour se situer à travers les années et les bouleversements urbains incessants sur Puteaux et Courbevoie . 10 millionLouis-Gustave Brandt , co-fondateur de Jaz , décroche décroche le dix millionième Jaz , en Juillet 1943 , à l’usine de Puteaux . On  le reconnait aisément à sa stature imposante derrière la chaîne de production , Paul Nicolas , qui aura à gérer pendant la guerre les pénuries d’électricité , de chauffage , de matières premières et les restrictions de l’occupant ( Extrait Jazette 1943 ) . Voir notre article , à venir , Jaz pendant la Guerre .puteaux-place-de-la-defenseUltime cohabitation entre la statue de Barrias et le CNIT , inauguré en 1958 par le Général De Gaulle .

Elle représente la Défense de Paris en 1870/71 . Plusieurs fois déplacée en fonction des chantiers de la Défense , s’est pourtant elle qui donne son nom au quartier d’affaires , le quatrième au monde en attractivité .usine jaz à PuteauxVue aérienne de Puteaux à gauche et Courbevoie à droite ; encadré l’usine Jaz ; en bas le Pont de Neuilly donne sur une large avenue qui n’existe plus , remplacée par le tunnel de la Défense en sous sol , coiffé par l’esplanade qui aboutît de nos jours à l’Arche de la Défense , implantée au delà du carrefour de la Défense .usine jaz à Puteaux détail Détail de la photo précédente ; l’usine se voit de profil usine Jaz et CNIT expliqué Changement d’angle : les sheds très blancs sont au premier plan le bâtiment à étages derrière . Le CNIT est en construction , l’usine Jaz entame ses derniers jours .usine Jaz et CNIT grossissementagrandissement : les sheds sont au premier plan .cnit_1956 ciel1956 , vu du ciel au bout de la pointe de la flèche l’usine Jaz , à l’angle des rues Edouard Vaillant et de l’Avenue du Président Wilson 1953 page 0Catalogue 1953 couverture . En bas l’usine historique de Puteaux considérablement agrandie depuis les vues de 1921/1924 . En haut l’usine à Colmar de la Société Alsacienne de Précision , plus connue sous son acronyme SAP , qui produisait des petits réveils estampillés CARAT. Société et usine reprise par Jaz en 1951 .usines jaz catalogues 1954 page 0Catalogue 1954                                                                                                                         Les catalogues étaient destinés aux revendeurs , toutefois ceux -ci  les montraient à leurs clients pour passer commande d’un Jaz qui n’était pas en stock chez l’horloger . Les particuliers pouvaient donc apercevoir brièvement cette page , où l’on voit en haut l’usine historique de Puteaux . Juste en dessous l’ancienne et massive usine SAP de Colmar qui fabriquait les réveils Carat à calibre AB devenus COLMIC , ALSIC et SAPIC  . En bas une vue depuis les champs de l’usine du Haut-Rhin en banlieue de Colmar . En 1954 , année de publication de cette photo , pour faire face au développement constant de son activité, Jaz s’implante à Wintzenheim sur un terrain de 40.000 m2 dont 20.000 m2 couverts avec de longs sheds , hérités de la soierie qui avait construit les bâtiments en 1920 .  Etrangement Jaz n’a jamais montré la moindre image de sa petite usine d’Annecy , avenue des Romains .1955 page 0Catalogue 1955 : les trois sites de production de Jaz sont indifférenciés sur cette page 1955 pub galbic et dimic1955 :exception dans la communication de Jaz , cette page montrant la presse de 1o00 tonnes dans a presse grand public . 1962-63 page 1Catalogue 1962 /1963 page 1                                                                                               La presse de 100 tonnes se trouvait à Puteaux au rez de chaussée , en raison de son poids et des vibrations qu’elle engendrait , même si les 100 tonnes citées ne sont pas son poids mais sa puissance d’emboutissage. On remarquera -plus haut- qu’en 1955 , la même presse était censée avoir une puissance de 160 tonnes . Paul NicolasPaul Nicolas à l’usine -mère de Puteaux  entre les bancs de test des Fanic et Talic                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Hormis l’énergie et la matière première , Jaz contrôlait , de haut en bas , les divers stades de sa  production : c’est l’intégration verticale ; pas tout à fait totale , puisque Jaz n’était pas propriétaire de ses points de ventes , assurés par des horlogers concessionnaires non exclusifs , qui pouvaient vendre également des Vedette , des Oméga , des Bayard , etc . Mais Jaz n’a pas négligé l’intégration horizontale en absorbant ses concurrents , comme Carat , Japy et SMI à Marseille  .  1964-65 3Catalogue 1964/1965 page 3voie de l'horlogerieCertes l’usine Jaz de Puteaux a totalement disparu et le quartier est tellement bouleversé que les rues elles mêmes qui l’entouraient ont été supprimées . Néanmoins si vous observez attentivement cette vue satellitaire , vous verrez un entrelacs de chemins , tous nommés voie de l’horlogerie à son emplacement en son hommage et sa mémoire . voie de l'horlogerie                                                                                                                                                                             L’INDUSTRIE À PUTEAUX au XX° SIÈCLE                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             L’objet de ce petit panorama des industries à Puteaux est d’analyser le contexte de l’implantation de Jaz dans cette commune et d’en cerner les raisons sociales et logistiques .Puteaux carte                                                                                                                                                                                                                                                                                                La ville de Puteaux , commune de l’Ouest parisien , est riche d’un long et prestigieux passé industriel , en particulier dans les domaines de l’automobile avec De Dion-Bouton , mais aussi Unic Saurer et Daimler-Benz , de l’aéronautique Zodiac Aerospace , de l’armement avec les Ateliers de Puteaux  , des encres d’imprimerie Charles Lorilleux , des parfums Coty , etc .quai-national-les-cheminc3a9esLe nombre de cheminées donne une petite idée de la densité de l’industrialisation en bords de Seineputeaux-vue-generale-dirigeable Une vue générale dévoile une autre forêt de cheminées ; à noter la silhouette de la Tour Eiffel et les deux minarets du palais du Trocadéro de Davioud . En revanche pour le dirigeable , il s’agit un photo-montage fréquent vers 1910 ; on peut trouver la même carte postale , plus tôt , sans ce ballon , puis plus tard avec un avion .pub zodiacEt pourtant , il y avait bien des dirigeables à Puteaux , fabriqués par Zodiac , de l’autre côté de la place de la Défense , face à l’usine Jaz . Zodiac en teteL’adresse de Zodiac était tout d’abord 15 route du Havre , devenue 15 avenue de la Division Leclerc après guerre ; comme l’avenue de l’usine Jaz qui a changé de nom après chaque guerre . Expropriée pour être remplacée par le CNIT , l’adresse du transfert est mentionnée au tampon sur ce papier à en-tête , à savoir Courbevoie , une des communes limitrophes de Puteaux . Jaz fait un choix très différent en se relocalisant en Alsace dans deux usines près de Colmar . Voir notre article sur Jaz et les antonomases .

Sur ce plan apparaît la portion  triangulaire de l’usine Zodiac en jaune où le CNIT sera construit expliquant la forme très particulière de cet audacieux geste architectural .

usine-de-dion-bouton à PuteauxDe Dion-Bouton . En 1900 , cette marque est le plus grand constructeur automobile au monde , à l’origine de l’essor planétaire de cette industrie , fournisseur de moteurs pour 200 marques . Une première usine est implantée Quai national , devenu depuis Quai De Dion -Bouton , au bord de la Seine avant de construire une deuxième usine près de Jaz au Rond Point de la Défense pour un total de 4.500 ouvriers . Le nom De Dion est inscrit sur la Tour Eiffel parmi les 72 grands savants français .                                                                                                                                        puteaux-hauts-de-seine-ch-lorilleux-et-cie-usine-de-puteaux-vue-aerienneL’industriel Charles LORILLEUX (1827+1893) , fabricant d’encres d’imprimerie , a été maire de Puteaux . Comme Jaz plus tard il bâtira un deuxième site sur Nanterre puis 29 dépôts et agences, et 41 usines et succursales en France et à l’étranger.coty puteauxL’usine de parfums COTY , anciennement Le Jouet Français , dit l’Atelier des mutilés en raison des poilus réinsérés par la facture de jouets et automates  , en 1915 ,  et destinée à concurrencer les jouets allemands , comme Jaz dont les fondateurs avaient clairement formulé leur volonté de battre les horlogers d’outre-rhin  .                                               François COTY  ( 1874+1934) en inventant la parfumerie moderne , devient un des premières fortunes mondiales , au prix d’une condition ouvrière épouvantable dans ses usines de Suresnes et de Puteaux . Avant de mourir lessivé par la crise de 1929 , son mode de vie fastueux et un ruineux divorce .arsenal04 L’Arsenal national de Puteaux était désigné par les initiales APX , la plupart des armes et munitions de la première guerre mondiale y ont été fabriquées ou conçus par 6.000 ouvriers . En Angleterre c’est l’industrie alimentaire qui est pionnière dans la rationalisation des chaînes de production , pas du tout en France où ce secteur est très en retard . C’est l’industrie de l’armement qui va mener l’offensive en France , à la Manufacture Saint Etienne et dans les arsenaux nationaux . Faisant apparaître un corollaire souvent oublié dans ce processus : l’interchangeabilité et la standardisation des pièces détachées : cela paraît évident mais c’est nouveau . puteaux-sortie-des-ateliers-de-la-lampe-osram Le point commun , à toutes ces industries , est la production à la chaîne provoquant lentement une consommation de masses et non y  répondant , comme de récentes études l’ont démontré . Ce n’est pas la demande qui a provoqué la Taylorisation . En produisant des Ford A et Ford T en masse , la Fordisation ne répond pas à une demande pressante des américains moyens mais au contraire leur propose un produit , jusqu’alors tellement hors de portée , qu’ils n’en rêvaient même pas . Comme John Ford , Jaz applique le travail à la chaîne dès ses débuts , fort de l’expérience de son cofondateur Louis-Gustave Brandt , de la famille qui installe la première usine de production de masse pour des montres à Bienne en Suisse . Ivan Benel , l’autre cofondateur de Jaz , explique avoir envoyé des employés s’inspirer des méthodes américaines sur place à travers les USA .recto 6 & 7 Si Jaz imite Ford dans sa méthode de production et sa cible commerciale . Il y a une grosse différence sur l’attente de son offre , puisque l’horloger répond d’abord à une demande réelle des classes laborieuses qui ont vraiment besoin d’un réveil ponctuel pour aller au travail . Aussi pendant les cinq premières années sont proposés des réveils basiques et multitâches que l’on retrouve au bureau , à la cuisine , au salon , etc . La fiabilité des réveils produits fait le bonheur des acheteurs , pas celui du fabricant qui sature rapidement le marché . Il convient alors de provoquer une demande moins nécessaire en créant la mode dans l’horlogerie comme dans l’habillement  , l’ameublement par des offres de pendules et pendulettes décoratives pour chaque pièce de la maison , chaque style et toutes les classes sociales .machine à vapeur Dinin PuteauxJaz pouvait s’auto-alimenter en énergie comme les usines de batteries et de véhicules électriques DININ de Puteaux et leur machine à vapeur : c’était donc une usine électrique à vapeur .

 L’usine Ouest- Lumière en 1901

ouest lumière                     L’usine Ouest-Lumière en 1920                                                                                   Les usines pouvaient , aussi bien , se fournir auprès de l’usine d’électricité Ouest Lumière de la rue Volta , qui donnait sur le Quai national près de l’Usine Dion Bouton . Cette différence est à l’origine des définitions que les industriels  attribuaient eux mêmes à leurs établissements et qui nous semble incongrues de nos jours : usine à vapeur ou usine électrique , par contraste avec les anciennes usines hydrauliques des pipiers , des horlogers ou lunetiers toutes alimentées par La Bienne qui traverse Morez puis Saint Claude , par exemples .Voir notre article sur les usines Odo à Morez . Avant la nationalisation du secteur électrique par le Général de Gaulle en 1946 , ce ne sont pas moins de 1450 entreprises françaises privées qui coexistent pour assurer la production, le transport et la distribution d’électricité et de gaz aux industriels d’abord et aux particuliers , ensuite . Des usines fabricants de l’électricité fournissaient localement les usines qui n’étaient pas autonomes au niveau énergétique . 1917-cafes-torrifies-narcisse-rihal-torrifacteur-rue-de-paris-perles-javanaises-usine-a-puteauxLes cafés et Tapiocas Rihal avait donc une usine à vapeur à Puteaux  puteaux inodation 1910La fameuse inondation qui a frappé Paris en 1910 a touché tous les riverains de la Seine quai-national-puteaux-1910En s’installant sur les hauteurs de Puteaux , Jaz échappait aux inondations …Puteaux rail et péniches…mais ne profitait pas directement du transport commercial fluvial par péniches qui apportaient , entre autres , la houille aux usines électriques ou à vapeur qui , au final ou plutôt à la source, étaient toutes des usines à charbon . Sur cette carte postale : une grue de transbordement et la cheminée de l’Usine Électrique l’Ouest Lumière à l’horizon .usine-de-puteaux-fabrication-des-savons-mous-et-durs-des-huiles-de-pieds-de-boeuf-gelatineLe porteur de cette action était déjà contraint d’assumer l’activité de fabrication des savons mous et durs , des huiles de pieds de bœuf et autres denrées glamours comme la gélatine , on peut comprendre que l’imprimeur n’est pas voulu l’accabler d’avantage en optant pour Usine de Puteaux plutôt que de choisir le difficile à entendre : Usine Putéolienne .                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       LES CONFLITS SOCIAUX chez JAZ ( article en préparation )

Jaz et autres usines horlogères dans les publicités

La présence des usines Jaz dans les publicités ne peut être comprise sans comparaison avec la communication publicitaire des autres entreprises d’horlogeries françaises ou suisses . Toutefois il convient de distinguer deux types de publicités : la publicité dans les différents organes de la corporation comme la revue France Horlogère ou bien la réclame destinée au grand public sous forme de publications dans la presse quotidienne ou par des prospectus distribuées par les revendeurs de montres ou réveils . On constatera , grâce à ce panorama , que les lieux de production seront essentiellement utilisés pour la communication avec les horlogers affiliés Jaz .Prospectus 1923 page 2Prospectus 1923 page 21. Comprenant des informations techniques, il est destiné aux professionnels de l’horlogerie, revendeurs, etc. Une page est consacrée à l’usine de Puteaux construite en 1919/1921 et démolie en 1964 . Derrière un bâtiment rectangulaire de trois étages, fortement vitrée, on comptabilise la toiture en dents de scie de six sheds.

verso 1 & 2Extrait d’un petit prospectus de 1924 – que l’on trouvait plié dans les boîtes de Jaz donc destiné aux particuliers. Les différences avec l’image précédente sont minimes.

maison-carton-versoTriptyque publicitaire en carton 1925 Les deux documents, ci-dessus, sont les seuls destinés au public qui reproduisent les usines, tous les autres représentations qui suivent sont extraites de catalogues adressés aux horlogers revendeurs, qui toutefois les montraient parfois aux clients pour montrer la gamme complète Jaz qu’ils n’avaient  pas en stock dans leurs magasins, évidemment . L’usage de commander un produit , chez un détaillant revendeur; qui ne pouvait détenir tous les Jaz disponibles immédiatement, était très fréquent au XX° jusque dans les années 80.

1953-page-0Catalogue 1953 couverture. En bas, l’usine historique de Puteaux considérablement agrandie depuis les vues de 1921/1924. En haut l’usine à Colmar de la Société Alsacienne de Précision, plus connue sous son acronyme SAP, qui produisait des petits réveils estampillés CARAT. Société et usine reprise par Jaz en 1951, le bâtiment était énorme adossé à une longue rangée de sheds. Toutefois, Jaz n’en occupait qu’une partie, louant le reste, mais se réservant particulièrement le rez de chaussée, très haut de plafond, pour ses imposantes presses d’emboutissages. usines jaz catalogues 1954 page 0 Catalogue 1954. Les catalogues étaient destinés aux revendeurs, toutefois ceux -ci  les montraient à leurs clients pour passer commande d’un Jaz qui n’était pas en stock chez l’horloger. Les particuliers pouvaient donc voir brièvement cette page, où l’on voit en haut l’usine historique de Puteaux. Juste en dessous l’ancienne et massive usine SAP de Colmar qui fabriquait les réveils Carat à calibre AB devenus COLMIC , ALSIC et SAPIC. En bas une vue depuis les champs de l’usine de Wintzenheim en banlieue de Colmar. En 1954, année de publication de cette photo, pour faire face au développement constant de son activité, Jaz s’implante à Wintzenheim sur un terrain de 40.000 m2 dont 20.000 m2 couverts dont de longs sheds, hérités de la soierie qui avait construit les bâtiments en 1920.  Étrangement Jaz n’a jamais montré la moindre image de sa petite usine d’Annecy.

1963-64 page 2Catalogue 1963/1964

1964-65 3Catalogue 1964/1965 : la toute nouvelle usine de Nanterre est appelée l’usine-cerveau et celle de Puteaux apparaît pour la dernière fois.1966-67 page 2Catalogue 1966/1967: deux vues aériennes de Wintzenheim.1967 1968 catalogue page 29Catalogue 1967/1968: l’usine de Wintzenheim est en vignette seulement. En bas à droite apparaît encore Carat, marque dont Jaz ne fait plus guère usage: l’entrée de Jaz dans le monde des montres redonnera l’occasion de remettre Carat dans la lumière. On notera que pour redonner un peu d’éclat à ses usines de banlieue et faciliter leurs localisations le nom la grande ville est accolée à son « satellite »: Nanterre avec Paris et Wintzenheim avec Colmar. 1968-69 page 18Catalogue 1967/1968 : l’usine Indienne de Jaz , construite avec son associé Favre-Leuba à Haïderabad pour conquérir le marché asiatique et indien. 1968-69 page 20Catalogue 1968/1969 page 20: l’usine-cerveau de Nanterre est dorénavant nommée usine- laboratoire.

1968-69 page 21Catalogue 1968/1969 page 21: Notez bien la légende très précise et toute en omission puisque l’usine alsacienne fabrique pendulettes et pendules. Il n’est pas fait mention de réveils, et pour cause, ceux-ci sont tous produits par le partenaire allemand Peter Uhren .

Jaz 1969-70 page 19Catalogue 1969/1970: cette fois ce sont les calibres à succès qui sont mentionnés les mouvements à transistor et à pile CR 6AR , 7AR et mécanique DV. 1971-72 page 15Catalogue 1971/1972 page 17 : l’usine-cerveau devenue usine- laboratoire est désormais nommé l’usine-pilote . Allusion est faite au mouvement Diapason , le calibre FD qui ne sera pas un succès.

1974 page 14 Catalogue 1974 page 14 . L’angle de la vue aérienne est changé mais la légende est la même qu’en 1968/1969.

1974 pages 14-15Catalogue 1974 : l’image est strictement la même qu’en 1971/1972, étrangement la légende est également identique mentionnant un agrandissement du bâtiment, celui-ci est pourtant bien antérieur .  1977 wintzenheim NanterreCatalogue 1977: la précaution oratoire a disparue concernant les pendulettes et les réveils fabriqués en Allemagne. Ce sera la dernière fois que Jaz communique sur ces lieux de production. Le siège administratif ne sera montré qu’une fois dans une Jazette.

cp wintzenheimLes cartes postales d’usines, en revanche, ne sont pas forcément produites à l’initiative de l’industriel et on trouve de toutes sortes à travers la France

LES CONCURRENTS

BAYARD

Bayard, le concurrent principal de Jaz, a peu utilisé l’image des ses usines de Saint Nicolas d’Aliermont, excepté sur les habituelles cartes postales qui ne sont pas toujours de son fait.

bayard 1967 Au catalogue 1967 apparaissent enfin les anciennes usines Duverdrey-Bloquel et en dessous l’usine SIDA, Societé Industrielle de Décolletage Automatique, construite par le célèbre architecte, le Prix de Rome George Feray en 1940, commande du patron de Bayard, Robert Duverdrey , pour la production de fusées d’obus. Rares sont les entreprises horlogères qui échappèrent à ce type de productions militaires. En tous cas  ni Lip, ni Jaz qui se partagèrent d’immenses commandes étatiques dont certaines venaient même des USA pour la guerre de Corée.l'informateur mars avril 1961Contrairement à Jaz, qui a si peu communiqué sur son usine espagnole que nous avons eu beaucoup de mal à la localiser , Bayard a fièrement présenté son« château en Espagne ».

LA VEDETTE

usine-vedette-hagerIl serait difficile de nier l’origine militaro germanique du bâtiment de l’ancienne usine La Vedette, à Savernes, qui s’installe à sa fondation en 1921 dans cette ancienne caserne de l’occupant prussien en Alsace annexée au Reich. Essentiellement connue pour ses carillons et communément nommée VEDETTE, cette marque est l’un des grands horlogers français de gros volume au XX° siècle.usine-la-vedette-31-rue-la-vedetteAujourd’hui occupé par Hager, son adresse est 31 rue de La Vedette, voie ouverte perpendiculairement dans la rue Saint Nicolas qui s’est naturellement vue baptisée du nom de son célèbre occupant.

Catalogue 1950-1951 page 1Vedette n’a que très peu communiqué sur ces bâtiments dans ses publicités (extrait catalogue 1950 /1951 pour les horlogers concessionnaires).

ROMANET fils / FFR/  ROMATIC /JURA                                                                                                                                                                    FFR catalogue 1963 page 0 (20)Catalogue 1963, quatrième de couverture, élégante et moderne, que nous avons choisi pour illustrer notre site Romanet ( en construction ).

FFR catalogue 1963 page 0 (2)La dispersion en trois usines complique la communication pour les frères Romanet qui doivent , au sein du même catalogue 1963,  essaimer leurs sites de production .

ODO                                                                                               catalogue ODO 1937-1938 000 couvertureL’usine de Morez est visible mais il faut y porter attention pour la remarquer. Cette marque, bien connue pour ses carillons, reprendra les sites de productions, présentés plus haut, de son confrère et voisin Romanet.

BLANGY

blangy10La SAMP est connue sous son nom commercial de BLANGY , en raison de son implantation à Saint -Laurent-Blangy. Existence courte, de 1925 à 1954, pour cette entreprise qui n’a jamais montré sa petite usine, laquelle n’aurait guère joué en sa faveur, en terme d’image.

Solex-JCV-1648L’usine Blangy, et une partie de ses ouvriers, sont repris par les cyclomoteurs SOLEX en 1955 qui l’agrandissent en hauteur et largeur. 

JAPY

Japy le grand précurseur, tant en ampleur qu’en antériorité,  ne communique guère sur ses nombreuses manufactures, à part sur cette couverture du catalogue de 1860. Les raisons sont diverses: la publicité n’avait pas encore pris son essor; les seuls médias accessibles étaient les journaux, qui étaient encore quasiment vierges de réclames. En outre,  la clientèle n’avaient pas encore une bonne opinion de l’industrie en matière d’horlogerie, la norme étant encore l’artisanat . usines JapyRevue Vendre 1935 L’empire Japy , troisième fortune de France , s’étale sur cette page dont les machines à écrire sont le thème dans une revue professionnelle pour abonnés . Certes Japy montre ses usines de quincailleries, émail, filatures, pompes; pas les usines d’horlogerie de Badevel et Beaucourt dont nous montrons des cartes postales qui ne sont pas publicitaires.

EXEMPLES d’USINES NON HORLOGÈRES

Avec les quelques exemples ci-dessus, destinés au grand public, dont le chocolatier Menier et ses trois hectares de bâtiments, on notera que mettre en avant ses usines n’étaient pas l’apanage des seuls horlogers quand l’industrie prend son essor.

mes usinesMichelin communique sur ses trois usines grâce à la créativité de l’illustrateur Edouard -Louis COUSYN, dessinateur attitré de Jaz au début de l’entreprise . Usines Mars 1928REVUE VENDRE Mars 1928  Les agences de publicité proposaient des vues d’usines

Nous avons créé, ci-dessous, un panorama des fabriques d’horlogeries, reproduites essentiellement dans la presse professionnelle en ciblant les établissements par un cadrage serré. En fin d’article nous avons reproduit les publicités dans leur intégralité afin de satisfaire les collectionneurs d’horlogerie, de montres et de pendules avec leurs dates de publication. La particularité architecturale des usines horlogères partout dans le monde, vous le constaterez, sont les grandes baies vitrées pour faire entrer la lumière. ATTENTION : une grande partie de ces horlogeries ne produisent que des montres et pas de réveils.

PUBLICITES COMPLETES

Classement par ordre chronologique

1902 Angenstein_Aesch_Bale_regulateurs_a_poids_et_a_ressorts_Horloges_Reveil_matin_19021902 ANGENSTEIN à Aesh. Pas de montres, uniquement des réveils et des horloges dont certaines de style Sécession, qui n’a rien à voir avec la Guerre de Sécession américaine , bien antérieure, mais avec le Sezessionsstil ou Wiener Secession , version autrichienne de l’Art Nouveau français ou du  Jugentstil allemand. L’entreprise se convertit en 1939. Elle est, de nos jours, spécialisée dans la fabrication mécanique de moyennes et grandes pièces et de composants ainsi que dans le soudage.

1906 Georges_Meyer_Utinam_montres_soignees_UTI_Besancon_19061906 Uti, contraction d’UTINAM  ou Plaise à Dieu , la devise de Besançon. On notera qu’il était encore d’usage de mentionner la source d’énergie employée par l’usine qui est donc électro-motrice. Voyez dans l’article Usine Jaz de Puteaux que certaines usines étaient à vapeur. L’entreprise est fondée par la famille Meyer, dont un des descendants dirigera Jaz,  Georges Meyer.

1920 Charles Tissot_fils_le_locle_Adoc_montre_ancre_fabrique_horlogerie_publicites_horlogere_19201920 TISSOT , ce bâtiment est toujours présent mais dorénavant intégré dans un énorme centre logistique très moderne 1920 Eigeldinger_fils_Godat_la_chaux_de_fonds19201920 EIGELDINGER. En 1917, André-Charles Eigeldinger reprend la fabrication horlogère Godat. Il se spécialise dans la production de montres d’observations pour l’armée, de montres de calcul et de montres de poche en argent, en or et en platine comme sur cette publicité. Puis enregistre la marque ZENO en 1922, aujourd’hui spécialisée dans la fabrication de gros calibres jusqu’à 55 mm pour montres mécaniques d’aviateurs.

1920 Election_wristlet_watch_publicites_horlogere_19201920 ELECTION . Qui peut croire à voir ces énormes usines qu’Election fassent faillite dix ans plus tard. Mais s’agit il d’une vue bien réaliste? Nous n’en avons pas la preuve pour une fois. Toujours est il, qu’elles sont alors détenues par les célèbres frères Lucien et Georges Braunschweig. Ce dernier, associé à Fritz Marti, dépose peu après, en 1933, le brevet de l’Incabloc au succès planétaire. Ce génial amortisseur de chocs avait commencé à être étudié chez Election dès 1929. Devenu Portescap, l’entreprise sera le plus important employeur de La Chaux-de-Fonds avec jusqu’à 1.300 ouvriers. Ce succès appelle plusieurs extensions des bâtiments, que les importants profits réalisés permettent d’autofinancer. En 1960, Portescap possède cinq fabriques principales avec une surface de locaux de 18.000 m2.

1920 Fleurier_Watch 19201920 Fleurier_Watch_montres_lepine 19201920 FLEURIER la mention des genres spéciaux n’est pas anodine, l’export vers l’orient est la spécialité du gros village suisse de Fleurier. Déjà en 1820, grâce à l’amélioration du commerce avec Canton,  Bovet et ses frères de Fleurier détiennent le monopole quasi absolu de l’importation horlogère en Chine. En 1887,  Fleurier compte une trentaine de maisons d’horlogerie employant 634 horlogers qui fabriquent pour une quantité de pays: Chine, Egypte, Turquie, Etats-Unis, Angleterre, Espagne, France sont leurs principaux débouchés.

1920 Elida_Watch_fleurier_montre_ancre_garantie_publicites_horlogere_19201920 ELIDA  La Manufacture Fabrique d’Horlogerie Elida a été fondée par J. Kobel basée à Fleurier donc axée sur l’export, elle aussi. En 1916, la société a été rebaptisée Elida Watch Co puis Elida Watch Co. Kobel & Bilat, avec Bilat comme nouveau partenaire commercial.

1920 Oris_Watch19201920 Oris Watch n’est plus à présenter aux collectionneurs de montres, comme à ceux des réveils et horloges, ce qui est assez peu commun. Pendant la guerre ce sont assurément ces derniers, plutôt que les montres, qui vont permettre à la marque de survivre. En 1926, ORIS se vantera de produire une montre toutes les trois secondes, exactement comme Jaz qui produisait un réveil toutes les trois secondes mais en 1977 ( voir plus haut ). En 1930, elle fait tourner les cinq usines – artificiellement réunis ci-dessus- qui produisent à la fois pour Oris et pour d’autres marques. Oris sort sa “Pointer Dateen 1938. Elle a la particularité d’afficher la date avec une aiguille, quand les autres marques l’affichent dans un guichet qui sera un succès et deviendra une des signatures de la marque. Oris est un ruisseau qui coule près de l’usine d’Hölstein.

1920 Rolex_1920Publicité 1920. ROLEX fondée par Wilsdorf & Davis fait appel à la société Aegler dont le nom s’affiche au sommet du centre ROLEX, du nom de son créateur Jean Aegler, cette petite manufacture localisée à Bienne.

1920 Syda_watch_19201920 SYDA WATCH manufacture à l’existence aussi brève qu’elle était petite. 1939 Altus_Bienne_19391939 ALTUS entreprise reprise par Glycine.1939 Revue_Thommen_waldenburg_19391939 Revue Thommen à Waldenburg. Cette entreprise suisse fondée en 1853, spécialisée dans les domaines de l’horlogerie et des instruments de précision pour l’aéronautique , est toujours active dans les mêmes locaux.

1939 Rolex_bienne_geneve_19391939 ROLEX communique sur la constante évolution de ses bâtiments à Bienne.

1940 Judex_la_vraie_montre_de_France_pub 19401940  Judex marque déposée en 1921, une création – comme Decta et Dama – de la Société Européenne de Fabrication d’Ebauches plus connue sous son acronyme Sefea d’Annemasse, fondée par Marius Anguenot de Villers-le-Lac, achetée en 1965-1967 par Ebauches SA ou l’une de ses filiales Eta. Judex a été nommé d’après le personnage principal d’une série de films muets de 1916/1918, sur les exploits à succès d’un célèbre redresseur de torts masqué. Un groupe de résistants, dirigé par Louis Jouhet dit Judex, était connu sous le nom de bataillon Judex toujours en référence à ce héros oublié.

1942 Buren_watch_company_19421942 BUREN WATCH COMPANY créée en 1898 à Büren en Suisse. Aujourd’hui,  la marque appartient à la Schweizer Uhren Editionen à Hambourg, qui fabrique à nouveau des montres sous ce nom avec un certain succès en Afrique du Sud. En partie avec les mouvements anciens, mais dans une large mesure également avec les mouvements ETA.

1947 Azurea_Celestin_Konrad_Moutier_fournitures_horlogere_Leon_Fresard_Bassecourt_fabrique_de_boites_de_montres_publicites_horlogeres_19471947 L’Azuréa fondée en 1914 à Moutier. Usine de décolletage toujours florissante et moutiéraine au sein d’un groupe diversifié sur d’autres sites suisses.

1947 Guggi_Freres_Grenchen_Ceres_E.Etienne_Tramelan_Marc_Boos_Peseux_pub 19471947 GUGGI et BOOS. Güggi a toujours pignons sur rue à Grenchen, contrairement à Marc Boos qui a levé le camp.

1949 Alpha_montres_19491949 ALPHA. En 1902 , Paul Arthur Schwarz et son épouse Olga Etienne créent, à la Chaux-de-Fonds, une fabrique de mouvement: Schwarz – Etienne, qui œuvre également sous les différentes marques en sa possession, telles que Venus, Astin, Sultana, Le Phare ou encore Alpha pour répondre aux Oméga des Frères Brandt avec un esprit d’à propos d’une remarquable créativité. Elle est l’une des très rares enseignes horlogères à porter le nom d’une femme, mais partagé et en deuxième position: faudrait tout de même pas exagérer l’égalitarisme de genre, pour lequel le chaux-de-fonnier n’est au fond pas chaud. Dans cette publicité, on remarque le terme de bienfacture qui est outrageusement suisse, nation horlogère qui pousse le concept de la bonne facture à son paroxysme; celui de propagande, pour publicité, est quant à lui historiquement daté et disqualifié. Si nous avons sélectionné cette publicité, c’est qu’elle représente un cas unique dans cette série: effectivement ce pimpant bâtiment, de style pompier, n’existe pas: c’est une orgueilleuse vue de l’esprit. Schwarz-Etienne venait d’être reprise par les trois fils de la famille, Gaston, Hebert et Henri-Louis, en 1940. Sur leur catalogue, que redoutent ces trois suisses? D’être les parents pauvres de la ville? Parents, ils l’admettent si cela signifie de partager les bénéfices une fois par an. Mais suisses et pauvres: voilà un impossible oxymore à supporter pour un Helvète. Les protestants suisses luttèrent pour une certaine morale: austère pour la religion, mais au mètre cube pour la taille du coffre fort. Les disciples de Calvin ne sont pas enclins aux facéties d’ordinaire et vous remarquerez que le drapeau suisse est la combinaison de deux sens interdits, vertical et horizontal. Sauf en matière de plafond, là pas d’interdit bancaire!

eberhard-historique-rue-leopold-robert- Et bien, reconnaissons que les frères Schwarz ont poussé l’audace publicitaire un peu loin en se dotant d’un bâtiment singeant celui des Eberhard, deux étages en moins.

1949 Alpina_Union_Horlogere_Bienne 19491949 ALPINA marque qui a repris son envol en 2002 .1949 E._Piquerez_SA_manufacture_de_boites_de_montres_Bassecourt_Suisse_Pub 19491949 PIQUEREZ1949 Jaeger_LeCoultre_manufacture_dhorlogerie_Le_Sentier_Pub 19491949 Jaeger Le Coultre. Que dire que vous ne sachiez déjà sur cette marque suisse si prestigieuse: que suisse, elle ne l’est qu’à moitié. Sans remonter aux origines des Le Coultre, huguenots des bords de l’Ourcq stupidement chassés en Suisse par la Contre Réforme, mais de l’alsacien Edmond Jaeger stupidement chassé à Paris par l’occupant prussien.  Lequel Edmond Jaeger rencontre en 1903 Jacques-David Le Coultre avec lequel il décide de collaborer. Au fil du temps, la collaboration entre Jaeger et Le Coultre s’étoffe, l’amitié se tisse entre les deux horlogers. En 1915, leurs noms sont une nouvelle fois associés à l’occasion de la création d’instruments de bord destinés à l’aviation alliée de la Première Guerre mondiale. À partir de 1918, Edmond Jaeger doit faire face à des problèmes de santé et se retire peu à peu. Il confie la direction de ses ateliers horlogers parisiens à Paul Lebet, issu de la manufacture LeCoultre. Edmond Jaeger meurt en 1922, mais son nom perdure, associé à celui de Le Coultre. En 1937, les deux maisons horlogères officialisent leur collaboration et donnent naissance, de manière posthume pour Edmond, à la marque Jaeger-LeCoultre.

De l’utilisation par JLC de la même police de caractère, si particulière, que celle d’origine de  Jaeger, est née une confusion attribuant toutes les Jaeger à JLC; Ambiguïté entretenue à plaisir par des vendeurs avides et incultes. La volonté de faire passer un  réveil Jaeger pour un Memovox est dérisoire. Le prestige de Jaeger est suffisant en soi pour celui qui signe avec Cartier un contrat d’exclusivité en 1907, assurant de doter tous les Cartier de mouvement Jaeger.

1949 Lavina_Villeret_SA_fondee_en_1852_manufacture_dhorlogerie_Pub 19491949 LAVINA; L’étude des usines reproduites dans les publicités n’est pas à négliger si l’on s’en réfère à la fiche Watch-Wiki de Lavina qui en déduit l’appartenance à la Alpina Gruen Guilde.

Avec une certaine candeur, Watch-Wiki fait remarquer que certaines usines sont parfois agrandies sur les publicités: non vraiment? On l’a vu plus haut avec Alpha, elles peuvent même être uniquement basées sur un projet architectural et rester virtuelles.

1949 Pierce_SA_Bienne 19491949 PIERCE. Pierce fait partie de ces importantes maisons horlogères dont l’histoire est quasiment inconnue. Pas de monographie à son sujet, pas d’information sur les créateurs et les dirigeants qui leur ont succédé, peu d’informations diffusées pendant la longue existence de l’entreprise et une période chaotique à la fin des années 1970 qui a sans doute vu disparaître l’essentiel des archives de l’entreprise. L’intérêt de notre site Jazlebontemps n’en apparaît que plus évident à reconstituer la saga unique de Jaz en l’absence d’archives, par l’analyse de tous documents à notre portée et la collaboration de grands collectionneurs comme Marc Barat ou J-S Véga et les témoignages vivants de Monsieur Kopfler ou Monsieur Stouls-Nicolas, fils du charismatique Paul Nicolas.

1949 Reconvilier_Watch 19491949 RECONVILIER WATCH; Reconvilier est le nom de ce petit village suisse où était implantée SHR. Fondé en 1853, la Société Horlogère Reconvilier est devenue célèbre comme «la montre du peuple» dans les années 1920 en raison de la solidité, de la fiabilité de ses mouvement Roskopf, et de son rapport qualité-prix. Elle ressuscite en 2008, mais dans le canton de Zug.

1949 Record_Watch_Co_Tramelan_Geneve_Pub 19491949 Record Watch Co n’est pas une marque anglaise, elle est connue pour la Datafix ou la « Sector » (1903-1908), premier modèle de montre triangulaire qui fit une certaine sensation à l’époque. Implantée à Tramelan-Dessus, judicieusement raccourci en Tramelan, qui incorporera le groupe Longines au début des années 60.

1953 Meroz_fabrique_de_pierres_dhorlogerie_La_Chaux_de_Fonds 19531953 Méroz . Chaux devant! De loin le principal fournisseur de rubis synthétiques!

1955 Technos_Gunzinger 19551955 Technos Gunzinger Frères; existe toujours à Welschenrohr une petite structure qui assure le service après vente des très nombreuses montres Technos Swiss Made vendues au Japon entre 1955 et 2002. En revanche le concessionnaire brésilien, qui a racheté nom et droits mondiaux, rencontre un succès mirobolant au Brésil, où il est leader avec 35 % du marché Entreprise brésilienne à 100%, ils produisent environ un million de montres par année dans leur fabrique de Manaus, en pleine jungle amazonienne, là ou Jaz avait commencé à s’implanter. Les montres Technos sont maintenant équipées de mouvements Citizen et ne sont donc plus Swiss Made.

1957 Meroz_pierres_dhorlogerie_La_Chaux_de_Fonds_Pub 19571957 Méroz en comparant avec la publicité de 1953, on voit apparaître une aile supplémentaire derrière  le bâtiment principal en angle droit.

1964 Candino_Telstar_biene_Orfina_grenchen_publicites_horlogeres_19641964 GANDINO d’une capacité de production de quelques 1,5 million de montres par an et depuis 2002 propriété du groupe Festina – marques Festina , Lotus, Jaguar et Calypso.

1969 Montremo pub 19691969 MONTREMO se place parmi les leaders dans l’art de la fabrication de cadrans de montres pour la haute horlogerie. Ce cadranier est le petit dernier de la liste puisque fringant sexagénaire depuis peu; à droite, ce cylindre est le fameux STATIC qui pour une fois n’est pas un Jaz mais un Lutz de 1959 par Shapper, seul réveil gratifié d’un célèbre Compas d’Or, consultez notre article sur notre Uti Swiza.

HÉBERT Lucienne 1911+2001 déportée résistante

Née le 29 ou 30 mai 1911 à Paris XIVe arr. et décédée le 29 décembre 2001 à Nanterre  ; ouvrière cartonnière chez Jaz à Puteaux ; membre du Parti Communiste ; Fille de Albert Descottes , teinturier et de Henriette Friès , blanchisseuse , Lucienne Descottes épousa Célestin Hébert , le 28 février 1931 en Mairie de Puteaux .
Dès la fin de l’année 1940, quelques militants communistes de Nanterre dirigés par son époux Célestin Hébert distribuent des tracts du parti communiste clandestin nuitamment à la volée dans les rues de la ville et dans boîtes aux lettres . Willeme_camion_7_tonnesD’autres militants qui travaillaient dans la ville notamment chez les camions Willème étaient fournis en tracts.
                                                                                                                                                               En septembre 1941, à la suite de filatures, surveillances et enquêtes, les services de la préfecture de police mettent fin aux activités d’un important centre clandestin de propagande communiste qui s’exercent plus particulièrement dans la banlieue ouest de Paris et dans certaines localités de Seine-et-Oise. Ce centre clandestin constitue le quatrième secteur de l’appareil illégal et comprend les 41e, 41e bis, 41e ter, 42e, 42e bis, 43e et 43e bis sections , les groupes des usines Bastard , automobiles Simca , Solex , camions Willème ou Saurer , le camp d’aviation La Folie , les fonderies Montupet , Bloch , LMT ,l’avionneur SNCAC , Lobstein , diverses autres usines de Courbevoie ainsi que les groupes de base de Bezons, Carrières-sur-Seine, Houilles, Cormeilles-en-Parisis, Nanterre, Suresnes, Boulogne et Saint-Cloud . Les usines Jaz ne semblent pas comprendre de section clandestine de ce type .                                                                                                                                                     Espagne_1938_Savenaud_et_PozziPOZZI pendant la guerre d’Espagne en 1938

Le principal dirigeant de l’organisation clandestine se nomme Félix Pozzi , ancien syndicaliste CGT des pneus Goodrich à Colombes, l’un des dirigeants des grèves de 1936 et 1937 au moment du Front populaire. Il combattit en Espagne républicaine de mars 1938 jusqu’à la fin octobre ou début novembre 1938.
Une dénonciation est à l’origine d’une quinzaine d’arrestations dans le secteur de Nanterre . Vers le 15 août 1941 , un habitant de Nanterre, se présente au poste de police de la ville . Il vient se plaindre du fait que des tracts communistes sont déposés dans sa boîte aux lettres . Ce délateur est un voisin du militant communiste Célestin Hébert . Le commissaire de Puteaux , Lucien Bizoire demande aux policiers de la Brigade spéciale d’intervention du commissariat de mener une enquête . Les militants qui viennent se ravitailler en tracts , souvent à bicyclette  , chez le couple Hébert sont alors filés .
26 rue de suresnes NanterreLa maisonnette du couple Hébert en 2019 .                                                                                                                                                                  Un cycliste , Paul Lescop , est repéré et suivi car il se rend très souvent en fin de journée au 26 rue de Suresnes chez le couple Hébert .Prospectus 1923 page 2 Le 8 septembre 1941 , Lucienne Hébert est interpellée par un inspecteur de Puteaux sur son lieu de travail  : l’usine des réveils Jaz avenue du président Wilson à Puteaux . Son mari est interpellé à son domicile . Lors de la perquisition domiciliaire les policiers saisissent : une machine à ronéotyper à main , cinquante mille tracts ronéotypés et imprimés , deux cents kilos de papier et trois obus de 75 mm , ainsi qu’un pistolet automatique . Lucienne Hébert est interrogée au commissariat de Nanterre . roquetteDès le lendemain , elle est transférée à la prison de la Roquette à Paris , puis le 10 septembre à la prison de la Santé . La quasi-totalité des militants est repérée, quinze arrestations s’échelonnent entre le 2 et le 16 septembre 1941 .
Le 24 mars 1942 ,  tous comparaissent devant le Tribunal militaire allemand du Gross Paris
Le commissaire de Puteaux témoigne à charge . Quinze condamnations à morts sont prononcées , dont celles de Florentine Berson et Lucienne Hébert pour « intelligence avec l’ennemi ».

Le 10 avril 1942 , les treize hommes sont passés par les armes au Mont-Valérien à Suresnes : le mari de Lucienne Célestin Hébert avec Jean Lebon , Georges Hany , Daniel Becker , tous trois ajusteurs et le cycliste Paul Lescop , employé de bureau tout comme Edmond Dubuis, chaudronnier aux Usines Breguet et le plombier André Chabenet qui ont tous donné leur nom à une rue de Nanterre . Sont fusillés avec eux , ces quatre employés de chez Willème : Roger Bouchacour , ajusteur d’Argenteuil , Georges Lacaud, tourneur de Courbevoie ,  Daniel Baron tôlier et Charles Wagner ajusteur , ces deux deniers ont donné leurs noms à une rue de Bezons où ils habitaient . monument Pozzi à SannoisMonument rue Félix et Roger Pozzi à Sannois                                                                         Fusillé également René Muller, mécanicien chez l’avionneur Régy avec le plus important d’entre eux , le fameux  Félix Pozzi , monteur-électricien de Sannois dont une rue porte son nom et celui de son fils , mort en 1942 des suites d’une autre arrestation musclée .
Les Allemands ne fusillaient pas les femmes en France, ils firent un sursis à exécution puis commuèrent la peine en travaux forcés à perpétuité. Le 20 avril 1942 Lucienne Hébert et Florentine Berson quittent la Santé pour la gare de l’Est où elles prennent la direction de l’Allemagne. Lucienne Hébert affronte successivement les prisons de Karlsruhe où elle séjourne une semaine, celles de Anrath et Lübeck-Lauerhot , réservées aux femmes classées “NN” Nacht und Nebel –Nuit et Brouillard–  du 17 décembre 1942 au 4 avril 1944 .ravensbrück Ravensbrück , camp de concentration pour femmes.                                                                                                                                                                   Elle passe à Cottbus le 5 avril 1944 , avant d’être envoyée à Ravensbrück le 20 décembre 1944 où elle porte le matricule 94115. Le 4 mars 1945 elle est transférée à Mauthausen (Autriche), elle y arrive trois jours plus tard . Le 22 avril 1945 elle est enfin libérée par la Croix-Rouge . Florentine Berson n’a pas eu cette chance et sera gazée au camp de  Ravensbrück en 1945 , une résidence porte son nom à Nanterre .
                                                                                                                                                                    Le 12 mars 1945 un juge d’instruction inculpa le délateur de Célestin Hébert « d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État ». Clément , le dénonciateur était marié à Stéphanie , une allemande des Sudètes en Tchécoslovaquie . Le couple habitait le pavillon voisin du frère de Célestin Hébert . Membre du Mouvement Social Révolutionnaire , parti collaborationniste d’Eugène Deloncle , Clément assistait aussi aux réunions du Parti Populaire Français de Doriot. Il est donc farouchement anticommuniste . Après l’exécution de Célestin Hébert et de ses compagnons , il vend précipitamment son pavillon et déménage . Après la Libération , il est retrouvé par la police dans la Sarthe , arrêté, jugé, il est condamné le 19 octobre 1945 à vingt ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour au delà de cette peine .
Lucienne Hébert est auditionnée en 1945 par un juge d’instruction dans le cadre d’une commission rogatoire . Elle déclare qu’un inspecteur du commissariat de Puteaux s’était « présenté seul pour procéder à son arrestation à l’Usine Jaz où elle travaillait comme cartonnière. Après avoir exhibé sa plaque de police , il m’a prié de bien vouloir le suivre sans toutefois m’indiquer le motif de cette arrestation ».
« Conduite au commissariat de Puteaux, j’ai été interrogé par [lui], puis par le commissaire [Lucien] Bizoire et plusieurs autres inspecteurs. Je n’ai subi aucun sévices ni aucune menace de la part de Bizoire. Toutefois, ce dernier m’a fait remarquer que si je ne voulais pas parler, je n’aurais aucune chance de revoir ma fille ».
Cité Mag Février 2017 n°50Cité Mag , revue municipale de Nanterre ,Février 2017 ,n°50                                                                                                                                                        Lucienne Hébert a été homologuée au titre de la résistance intérieure française et en tant que déportée internée résistante  et veuve de résistant , fusillé Mort pour la France . Avoir été la seule survivante de ce groupe de résistants , l’a longtemps tenu à l’écart des honneurs dont ses camarades ont été comblés avec , pour la majorité d’entre eux , des rues portant leurs noms . Mais notre ex-cartonnière chez Jaz n’est pas oubliée à Nanterre : elle a donné son nom à une résidence, en novembre 2019 (voir le fascicule distribué le jour de l’inauguration, et au nouveaux locataires) .nos déportés Jazette n°9 Janvier 1946 page 4Jazette n°6 de Janvier 1946 page 4 . Etrangement la déportée résistante , à laquelle nous avons consacré un article ,  Lucienne Hébert n’est pas au nombre des déportés mentionnés dans cette Jazette pas plus que Cyrla Szulewicz , mère de Georges Pérec employée chez Jaz de 1941 à 1942 . Voyez notre article consacré à Marcel Herscovic et Julia Dzenziolsky , tous deux employés chez Jaz et victimes de la barbarie nazie .

André VOIRIN directeur de l’usine Jaz de Wintzenheim

voirin3                                1 VOIRIN 2 SATO de Tokyo-Clock 3 CARPANO                                                                                                                                                                              Cet article est un extrait choisi de celui paru en Juin 2000 sur le site WINTZENHEIM-JAZ http://wintzenheim.jaz.free.fr/ de l’historien de la ville de Wintzenheim Guy Frank que nous remercions , encore une fois pour son aide déterminante et son précieux travail de mémoire . Pour consulter l’article dans son intégralité suivez ce lien.                                                                                                                                                                                   Monsieur André VOIRIN a été d’abord chef de production en 1963 , puis Directeur adjoint en 1973 de Monsieur CARPANO qu’il remplace en tant que Directeur de l’usine Jaz de Wintzenheim                                                                                                                                                               Mon parcours professionnel

Il est évident qu’en ce qui concerne mon curriculum vitae, il est tout à fait classique. J’ai passé mon certificat d’études parce qu’à l’époque il y en avait un, ensuite un brevet élémentaire parce que ça se passait aussi comme ça, le premier BAC moderne, le deuxième BAC mathélem. […]  j’ai fait Maths Sup et Maths Spé, c’est-à-dire la préparation aux Grandes Écoles. J’ai intégré une école qui s’appelait l’IDN à l’époque (Industrielle du Nord) qui est devenue depuis l’École Centrale de Lille. [… ]

Ma première entreprise, ça a été la Royale Asturienne des Mines qui m’a envoyé au Maroc dans une mine de plomb argentifère. […]

[..] j’ai quitté cette mine de plomb et je suis rentré en France.

A l’époque, on trouvait facilement du travail. J’ai simplement pris les annonces qui étaient dans les journaux et j’ai atterri à la Colgate Palmolive qui était à Courbevoie. Mon titre officiel était « Finishing Supervisor ». […]

Entre temps, comme je voulais changer de situation, j’ai fait l’Ecole des Chefs d’Entreprises, où il y avait pratiquement des conférences et des cours du soir presque tous les jours. Et j’ai réussi cette école avec un beau succès. Ce qui m’a permis de prétendre à ce moment là à autre chose qu’un poste purement technique, et j’ai trouvé une annonce qui demandait un adjoint de directeur d’usine pour gérer la production. Je me suis présenté. Il s’agissait effectivement de l’usine S.A.P. à Wintzenheim. voirin1l’atelier de montage en pleine activité , environ 300 personnes.                                                                                                                                                                                            Je vous dis tout de suite que pendant 20 ans, j’ai travaillé chez JAZ, d’abord comme responsable de production, puis comme directeur-adjoint, et enfin comme directeur.

voirin2L’écroulement de l’horlogerie vers les années 1980 a conduit à des diversifications pour occuper le personnel, telles que fabrication de fourreaux de fusils de guerre, fabrication d’ordinateurs de la marque TANDY. J’ai été très impliqué dans ces nouvelles activités, ainsi d’ailleurs que Henry Klopfer de Wintzenheim ( à l’extrême droite sur la photo) . A l’âge de 55 ans, persuadé du naufrage final, j’ai pris ma pré-retraite.

L’informatisation

En arrivant chez JAZ, au siège social, il m’est apparu très vite que l’usine de Wintzenheim était dans le collimateur : non-respect des programmes, mauvaise sortie des nouveaux modèles, etc… En arrivant à l’usine, il m’apparut également très vite que c’était l’ordonnancement qui était visé. En fait, la gestion de la production était désastreuse. Les ateliers n’obéissaient pas aux impératifs de quantités et de délais. Par exemple, le décolletage faisait des quantités largement supérieures aux besoins exprimés, quitte à forcer la serrure du magasin matières pour ce faire, et ceci afin d’augmenter la prime de l’atelier. Le résultat était que les magasins avaient trop de pièces inutiles, et pas assez de matières pour faire les pièces nécessaires. Apparemment, quand je suis arrivé, cela ne semblait choquer personne.

Avant toute chose, j’ai donc passé du temps dans les services du siège social, et bien sûr, j’y ai trouvé de graves lacunes. Il y avait à Wintzenheim un bouc émissaire, et c’était bien pratique. Tout ceci ayant été explicité, a eu pour conséquence de calmer le jeu. Cependant, il est apparu que la réaction de l’ordonnancement devait être plus rapide et plus précise. J’ai donc proposé à la direction de Paris l’informatisation de l’usine en utilisant le matériel du siège social. Je fus fermement soutenu par le directeur financier, alors que les services techniques trouvaient l’idée farfelue. J’ai d’ailleurs eu, pendant un certain temps, le surnom de « Monsieur l’Ordinateur ».

Quoi qu’il en soit, après plusieurs années, car il a fallu créer les logiciels alors que maintenant il suffit de les acheter, l’usine était opérationnelle, et la gestion de la production était d’un niveau comparable à ce que l’on trouve aujourd’hui avec des logiciels standards, c’est-à-dire très en avance pour l’époque. M. Mosbach d’Ingersheim est responsable, en grande partie, de la qualité de cette évolution.

Un modèle par semaine

Il faut bien préciser que la création d’un nouveau modèle par semaine était avant tout une nécessité commerciale, afin de forcer la main à l’horloger, car le représentant avait toujours du nouveau à présenter, ce qui facilitait l’entrée en matière. Il se trouve également que cela permettait de rester à peu près dans l’axe de l’inflation, alors que l’horlogerie était dans la liste des produits à prix bloqués. Il faut noter cependant que nous avons eu quelques modèles dont le succès ne s’est pas démenti pendant de nombreuses années, et bien sûr nos services commerciaux faisaient auprès du Contrôle des Prix les démarches nécessaires pour obtenir un assouplissement.

Quand l’usine de Nanterre a été démantelée, le service création de nouveaux modèles est venu également à la SAP de Wintzenheim, et était tenu par deux jeunes gens qui avaient d’ailleurs un très bon talent de peintres, puisque j’ai acheté à l’un un tableau qui figure toujours dans mon salon.

André VOIRIN, Juin 2000

Pierre Marly 45 ans au service de Jaz

 

Pierre Marly , né à Paris le 25 mai 1921. Il entre en 1936 , à 15 ans comme apprenti à la CIMH , Compagnie Industrielle de Mécanique Horlogère  première raison sociale de Jaz , à Puteaux et obtint son certificat d’horloger en 1941 . Requisitionné en 1942 par le STO , Service du Travail Obligatoire , il est enrôlé dans une usine d’optique allemande dont il est libéré par l’armée russe en 1945 .

De retour en France il est réintégré à la CIMH devenue officiellement Jaz S.A. mais comme chef d’équipe . La direction parisienne lui demande, le 1er janvier 1962 , de rejoindre l’usine Jaz de Wintzenheim acquise en 1954 . Il s’installe dans cette petite ville près de Colmar où il fait souche . Devenu chef d’atelier, il prend sa retraite en 1981 après 45 ans au service de Jaz .

Pierre Marly a consacré ses loisirs à l’athlétisme à un haut niveau et c’est bien logiquement que l’ancien horloger a été chronométreur national lors de grandes compétitions sportives .

 

 

M. Henry KLOPFER usine de Wintzenheim de 1952 à 1980

 

Grâce à l’historien Guy FRANK , nous avons eu l’honneur de rencontrer Monsieur Henry KLOPFER , le 24 Août 2017 , dans sa grande et belle maison des faubourgs de Wintzenheim au pied du château du Hohlandsbourg . Il nous a cordialement ouvert les portes de son foyer , de ses albums photos et de son infaillible mémoire . Notre correspondant local et collectionneur de Jaz , Monsieur Mariano Macor , le rencontre depuis régulièrement pour recueillir son témoignage capital pour l’histoire de Jaz .                                                                                                                                                    dna article kopfler Le hasard a voulu que DNA , les Dernières Nouvelles d’Alsace , consacre une pleine page à l’usine alsacienne de Jaz , trois jours avant notre entrevue ; Texte de l’article :            Henri Klopfer, 83 ans, après sa formation au collège technique a été embauché en 1952 à l’usine de la SAP à Colmar : « J’ai débuté comme simple ouvrier fraiseur à l’usine rue de la Houblonnière, puis comme régleur sur machine, jusqu’à mon départ en 1955 pour l’armée ; démobilisé fin 1957, je suis retourné chez Jaz, où ils m’ont intégré au service développement des nouveaux produits, d’abord comme dessinateur, puis j’ai assumé la charge de rapatrier certaines productions d’une autre usine ; suite à des formations internes et des cours du soir au conservatoire des arts et métiers, j’ai réussi à gravir les échelons jusqu’au diplôme d’ingénieur ; je suis parti en 1981, quand le déclin de l’usine était inéluctable ».
Petite anecdote, en mars 1976, Henri Klopfer avait fait visiter l’usine à M. Maigrat, collaborateur de Lionel Stoleru, nouveau secrétaire d’État, chargé des problèmes des travailleurs manuels. Il était accompagné de Jean-Pierre Raffarin, attaché parlementaire.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Nous vous recommandons la lecture du témoignage de M. André Voirin qui complètera admirablement celui de Monsieur KLOPFER .                                                                                                                                                                                                                 Nous avons fait le choix de rédiger et illustrer d’images les trois heures d’enregistrements avec M. KLOPFER pour les rendre plus lisibles mais de conserver les passages de sa biographique personnelle , même si Jaz n’y est pas directement mêlé , puisqu’une grande partie de sa vie , 27 ans , a été consacré à cette marque :                                                                                                                                                                                                    je suis entré chez Jaz le 22 janvier 1952 …. c’est ainsi que Monsieur Klopfer commence son récit alors que nous arrivons chez lui à l’improviste et qu’il ne s’appuye sur aucunes notes écrites . Ce détail nous donne immédiatement une idée de la qualité et de la précision du témoignage qu’il va nous fournir et que nous vous livrons , hélas sans son accent alsacien si typique .                                                                                                                                                                          Né en 1934 , fils d’un petit viticulteur sans argent ( …) à .. petit village . diplômé de ….18 ans

 

Un ami de mes parents , Fernand Maurer , ancien chauffeur du Maréchal de Lattre de Tassigny qui reçoit des obséques nationales en cette année 1952 , était l’homme de confiance de M.ROBLIN le dirigeant de CARAT … une entreprise d’horlogerie suisse                                            ( article en construction , à suivre bientôt )