Le Musée du plastique ou il Museo Della Plastica, situé à Pont Canavese au nord de Turin, est un petit musée abrité dans l’ancienne propriété familiale d’entrepreneurs locaux, pionnier du plastique industriel: la famille SANDRETTO.
Dans le parc de l’ancienne propriété familiale, trois ville Liberty servent dorénavant de musées. Ces villas sont typiques de l’Art Nouveau italien, nommé Liberty, qui fleurissent autour de Milan, Turin et Bologne, vers 1900.
Étonnement moins spectaculaires et exubérantes, que les villas françaises par Guimard ou belges par Horta, elles justifient un détour lors d’un passage à Turin pour le décor intérieur conservé, ce qui est rarissime.
Rares frises et corniches de style Liberty
Le musée est fondé en 1985, dans les sept pièces de la villa principale de maître du fondateur de la dynastie, il cavalieri Modesto Sandretto, par son petit fils Gilberto.
Celui-ci est un coureur, pas uniquement en véhicule historique, au Maroc Historic Rally, ADAC Bavaria Trophy et au Sanremo Rally Storico. Quelqu’un m’a dit que dans une catégorie différente, il avait emporté dans sa jeunesse d’autres trophées, semblant avoir été sensible à une mannequin turinoise, au teint bruni, car la plastique de la ragazza était irrésistible. Comme Jaz, qui s’implante en 1954 à Wintzenheim dans une ancienne usine textile, la Manifattura de Pont de la famille Sandretti s’installe une ancienne manufacture royale de tissu, en 1971. Le PONT, dont il est question et qui donne son nom aux lieux depuis les Romains, est celui qui enjambe la Soana, source d’énergie hydraulique pour toute la région, car ce pays est totalement exempt des ressources houillères qui firent la richesse de l’Angleterre, de la Belgique et de la France.
La société Sandretto inaugure donc son activité de production de plastiques avec des presses à injecter dans les années 70, mais la famille avait déjà sévi dans le domaine des textiles de synthèse avant guerre, dirigeant ses affaires depuis cette villa dont les bureaux ont été conservés, assez judicieusement, dans leur jus.
Sans cruauté inutile, reconnaissons que les collections sont limitées. On annonce 2.500 pièces, ce qui n’est déjà pas très important pour un musée, mais on n’est pas visuellement impressionné par le volume. Il y a quelques pièces peu courantes, mais pas de vraies raretés, en tous cas pas de pièces historiques.
La muséographie est vraiment basique, un peu scolaire. En outre, l’histoire de la maison familiale tourne à l’hagiographie: c’est le danger des musées d’entreprises.
Au niveau de la présentation, on se croirait au Musée de la Contrefaçon qui se trouve, cela ne s’invente pas, 16 rue de la Faisanderie à Paris XVI°. Oubliez l’aviculture et l’agropastoralisme, le terme de faisanderie est certes souvent utilisé pour désigner l’enclos dans lequel l’on élève le faisan, mais il fait également référence dans la littérature à une association d’escrocs et de voleurs. Le musée n’a pas bougé d’un iota dans sa présentation depuis 1951. Vous connaissez tous ce bel Hôtel Particulier d’où démarre la Grande Vadrouille; Dans la cour Bourvil repeint le mur mitoyen et l’officier nazi. Dans le même XVI°, le musée du Vin se trouve rue des Eaux…
En fait le musée, tout d’abord limité à la seule villa familiale, peinait beaucoup à faire venir des visiteurs dans cette vallée encaissée et il avait même fini par fermer . Notons que le musée anglais de la bakélite a connu le même sort et celui de Suisse n’a jamais réellement ouvert .
Au pied de la belle volée d’escalier menant au premier étage, une des premières machines de moulage par injection de résines plastiques construites par les Frères Sandretto.
En fait l’originalité de ce musée est qu’il n’est pas, contrairement aux autres musées du plastique ou de la bakélite dans le monde, un musée constitué par un collectionneur mais il est conçu par un industriel. Lequel expose ses très rares machines de plasturgie.
Une conférencière remplace, pour les groupes, les écouteurs audio-guide dont on voit les références dans les vitrines. Derrière elle, on voit une horloge à poser Jaz en bakélite.
Il s’agit d’une HOTIC , à laquelle manque la peinture de cadran. Il est notable de rappeler que des HOTIC, horloges à poser pourtant peu courantes, étaient déjà les vedettes du Musée anglais de la Bakélite et du Musée suisse de la bakélite .
HOTIC dans sa vitrine au musée italien du plastique
Les pièces d’horlogerie, à boîtiers plastiques, les plus notables de ce musée.La vitrine des réveils ; on reconnait au fond un rare et très onéreux modèle.
Produit de 1944 à 1947 par une entreprise implantée sur l’île de Man, le bateau navigue sur des flots agités ; voir l’animation du Vitascope . Originalité de la nouvelle muséographie: la chronologie est portée en hauteur.
Le musée propose une visite interactive assez bluffante, qui vous permet de vous déplacer virtuellement dans le musée même si certaines pièces sont un peu sombres. http://piemontecomuni.it/pont-canavese/virtual/interno/6
En 2015, le musée est inauguré dans sa nouvelle mouture: ce ne sont plus une seule villa, mais les trois maisons du parc qui sont transformées en trois musées distincts: celui de la manufacture Sandretto, celui des machines outils et celui des collections de Gilberto Sandretto, que nous venons de détailler. Les bâtiments et le parc restent la propriété de la famille Sandretto et récemment le nom de sa rue a été modifié en via Cavaliere Modesto Sandretto. Les trois entités sont dorénavant cogérées par la municipalité de Pont et le groupe Cannon de Milan qui avait repris l’activité de plasturgie .
Les nouveaux gérants ont donné un petit coup de jeune à la mise en scène et font venir des groupes, offrant dorénavant un point restauration.
Le musée CANNON-SANDRETTO se présente souvent comme le premier musée du plastique en Italie, voire en Europe. Ce n’est pas faux en date, en raison de son évidente antériorité, mais il n’est pas du tout à la hauteur du PLART, ni en volume, ni en qualité.
Effectivement la Fondation PLART, créée à Palerme par la mécène napolitaine Maria-Pia Incutti, n’est même pas comparable avec sa muséographie futuriste, ses 1000 mètres carrées d’exposition, la qualité muséale internationale de ses collections, ses expositions temporaires, etc.
Les collections du Plart ont été exposées au Grand Palais à Paris.
La crise sanitaire, si sévère dans le Piémont a interrompu l’avancée du projet d’extension à Turin, qui devrait faire de l’ombre au petit musée de Ponte. Mais nul doute qu’avec les moyens engagés par une des 100 femmes les plus influentes d’Italie selon le magasine Forbes, en couple avec Salvatore Paliotto président de l’Union industrielle de Naples, président de la Banca Popolare di Napoli, etc… Le projet verra le jour.
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