Présentoir publicitaire en plâtre façon marbre . Dimensions 52 cm par 40 cm par 11 cm de profondeur . Les deux étagères , de chaque côté , devait permettre d’exposer quatre réveils en vitrine sur ce présentoir .
Depuis plusieurs années , Monsieur Véga présentait , sur son site , ce carton en couleurs avec la même photo et le même slogan . On retrouve cette même dormeuse pour illustrer l’article de Maurice Jelens dans la Revue Vendre de Avril 1938 sur les étalages ( extrait , page 171 ) ; en rapprochant les dates des réveils présents sur la photo et la date de parution : on pourrait dater ce présentoir dans une fourchette restreinte allant de 1937 à 1938 , toutefois cette dormeuse avait déjà été employée en 1934 .
Avant l’apparition du jaseur boréal , la première image que Jaz a offert dans ses publicités , de 1921 à 1941 soit durant vingt ans , a été celle de la dormeuse , ou plutôt d’une femme qui se réveille , diversement déclinée . Nous l’avons démontré dans notre article sur les boîtes d’origine . Vous le voyez , il s’agit dans ce cas , d’une femme aux yeux fermés , à défaut d’être réellement une dormeuse , en raison d’un sourire esquissé , d’un maquillage que bien peu de femmes conservent pour vraiment dormir , dans une version légèrement érotisée.
La coupe de cheveux , courte et ondulée sur les côtés , les sourcils finement dessinés , les poses alanguies et surtout la blondeur sont ceux de Jean Harlow, qui meurt trop jeune en provoquant un émoi mondial , justement en cette année 1937 .
Jean Harlow est la première blonde platine chimique de l’histoire du cinéma , révélée en 1931 , avec le film « Platinum Blonde » de Franck Capra . Titre hommage à la chevelure irréelle de l’actrice , il lance une véritable mode de la décoloration qui prend son essor dans le monde entier.
À l’époque , l’emploi d’une actrice blonde pour jouer des rôles à connotation sensuelle constitue une rupture radicale avec les habitudes des studios qui confiaient généralement aux brunes le soin de jouer les « bombes sexuelles » à l’écran . Jean Harlow fut la première actrice blonde à jouer les « femmes fatales ». C’est à partir des personnages qu’elle incarna durant sa courte carrière qu’est né le mythe moderne de la femme blonde , atteignant son apogée érotique avec Marlyn Monroe.
Au même moment , en Allemagne , la blondeur revêtait une autre valeur symbolique et rétrospectivement ce nom de NUR-BLOND fait froid dans le dos , puisqu’il se traduit ainsi QUE DU BLOND …
Publicité , fin d’année 1934 ; l’Illustration , annonces page XV , format 34 x 12 En France , le film la Blonde Platine ne sort qu’en Octobre 1933 , peu de temps avant l’adoption de cette blonde par Jaz pour lui donner une image de modernité .
Prises d’une frénésie de blondeur, des milliers de jeunes américaines commencèrent à se teindre les cheveux comme Harlow . On organisa même dans tout le pays des clubs « Platinum Blonde » où le coiffeur pouvait toucher 10 000 dollars s’ils réussissaient à reproduire la teinte en question . Vraie blonde , Jean Harlow devait pourtant soumettre sa chevelure à un processus douloureux pour obtenir cette teinte si unique . Toutes les semaines, la jeune star devait se faire imprégner ses cheveux d’une mixture composée d’eau de javel , de savon et d’ammoniaque . Au bout de quelques années de ce traitement , Jean commença à perdre ses cheveux , devant souvent s’affubler d’une perruque .
En France , grâce au génie de Eugène Schueller , fondateur de l’Oréal , la décoloration devient accessible et sécurisée Cette mode gagne d’autant plus facilement les françaises . Jaz , entreprise toujours éprise de modernité , ne pouvait manquer ce mouvement pour sa publicité.
En raison d’une certaine concomitance des temps , Jaz aurait pu faire un autre choix : celui de Louise Brooks par exemple , autre star planétaire . Sa coiffure si unique avait déclenché la première mode capillaire inspirée par une actrice . Elle est bientôt imitée par de nombreuses femmes , les « flappers »et les « garçonnes» dans le monde entier .
Je suis une blonde aux cheveux noirs
, plaisantait-elle , en rappelant que les taches de rousseur de sa peau étaient recouvertes de poudre de maquillage blanche . Aux cours des années 1930 en Europe , la mode de la « coiffure Louise Brooks » s’étend aux adolescentes et même aux petits enfants des deux sexes des milieux populaires dans les dernières années avant guerre .Visuellement très identifiable , le choix aurait été esthétiquement rentable , capitalisant en outre son fort capital fantasmatique , trop fort sans doute . Puisqu’elle est la star de Loulou , film où apparaît le premier rôle de lesbienne . En 1929 et 1930 , elle tourne dans des sociodrames , largement censurés pour leurs propos , et considérés comme choquants en raison de leur affichage de la sexualité des rôles et de leur critique acerbe de la société . Décidément beaucoup trop sulfureuse pour un annonceur des années trente .
Photos courtoisie de Jean Stéphane Véga , avec toute notre reconnaissance pour son aide déterminante .![platre3[1]](https://jazlebontemps.files.wordpress.com/2020/04/platre31.jpg)
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