Rénovation d’un Classic

carte jacquemart romain                                                                                                                               RESTAURATION d’un CLASSIC

A l’occasion du centenaire de Jaz , Romain GALLARDO , jeune horloger et conseiller technique de Jazlebontemps , a restauré un CLASSIC , au calibre B, le premier réveil conçu par la CIMH . La Compagnie Industrielle de Mécanique Horlogère , qui avait d’abord nommé ce premier modèle Jaz , le rebaptisera CLASSIC quand elle choisira de prendre JAZ comme nom commercial pour la marque .

une signature d'horloger (V 123 Q) cela veut dire qu'il à été vendu en janvier 1923

 

 

 

Le Classic a rénover est un modèle antérieur à 1924 puisque son calibre B n’est plus produit après cette date . En outre, on peut distinguer les traces d’une révision dont , selon l’usage des horlogers , la date est gravée en creux à la pointe sèche sur le timbre . En l’espèce ce V correspondrait à une date de vente , à savoir 1 23 pour Janvier 1923 .

L’opération commence par un démontage minutieux de chaque pièce.

Après un passage dans la machine à ultra-sons, chaque pièce du mécanisme est débarrassée des dernières  saletés et de la rouille avec une brosse.

6 presntation de la potence à bouchonner, pour reprendre les usures des trous de pivotement qui ont été ovalisé lors de la marche du réveil

Afin de reprendre les usures des trous de pivotement qui ont été ovalisés lors de la marche du réveil , on utilise une potence à bouchonner.

On commence par mesurer le pivot du barillet pour trouver le bon bouchon.

Avec un équarrissoir , le trou ovalisé est agrandi jusqu’à obtenir un rond parfait , en faisant attention de ne pas dépasser le diamètre du bouchon . A l’aide de la potence, on finit d’agrandir le trou avec un alésoir au diamètre à peine plus petit que le diamètre du bouchon. Puis on met en place le bouchon pour le chasser sur la platine.

14  avec un autre équarrissoir on agrandi le trou du bouchon afin d'être au diamètre du pivot de l'axe du barillet (Attention le trou du bouchon doit être impérativement de diamètre inférieur au diamètre du pivo.jpg

 

Avec un autre équarrissoir on agrandi le trou du bouchon afin d’être au diamètre du pivot de l’axe du barillet (Attention le trou du bouchon doit être impérativement de diamètre inférieur au diamètre du pivot)

 

16 ensuite nettoyage des pièces à l’essence C

 

 

 

 

 

Les pièces sont nettoyées

à l’essence C.

 

15 J'ai changé l'axe de balancier oublié de faire plus de photos à ce sujet

 

 

 

 

 

 

 

L’axe du balancier est remplacé.

 

 

 

 

 

 

Remontage du calibre B

20  huilage des pivots des roues (huile La Jurassienne).jpg

 

 

 

 

 

Huilage des pivots des roues avec l’huile La Jurassienne.

 

 

 

 

 

 

 

Remontage.

Voilà notre CLASSIC reparti pour une centaine d’année!

CLUB ( 1924) à 1935

club (3)CLUB version non-lumineuse , calibre D daté d’Avril 1932 sur le marteau .                                                                                                                                                                 CLUB , réveil , mouvement mécanique , calibre B la première année puis calibre D . Boîtier en métal émaillé rouge et doré ou noir et rouge , pieds boules dorés , sans bélière , arrêt de sonnerie au sommet , existe en version lumineuse ou non-lumineuse dite à cadran blanc ,  chiffres et aiguilles Breguet , cadran en carton imprimé et chemin de fer au pourtour , vitre en verre plat . Diamètre 11 cm .

 

Le CLUB est l’un des quatre premiers réveils « JAZ » de la CIMH  , Compagnie Horlogère de Mécanique Horlogère , mentionnée en bas de cadran . Avec les REPLIC ,  CLASSIC , MODIC ,  NORMAL , ARTIST , PRESIDENT et BUREAU , le CLUB est un des rares Jaz dont le nom ne se termine pas en -IC . Il n’est plus en vente en 1936 .                          Jaz La France Horlogère 1°Oct 1927 26°année n°19 La France Horlogère 1° Octobre 1927 , 26° année , n°19 , publication professionnelle bi-mensuelle , pleine page 38 x 27 cm                                                                                                                                                                                                                                         Y compris notre exemplaire , nous ne connaissons à ce jour que trois autres CLUB , tous sans bélière et dans cette robe craquelée noir et rouge , alors que la France Horlogère de 1927 et le tarif de 1934 , seuls documents à notre disposition actuellement , mentionnent un décor émail et or que l’on retrouve sur les CUBIC craquelés .réveil club (1)Catalogue 1934/1935 page 2 extrait                                                                            Dans ce catalogue 1934/1935 , le CLUB apparaît subitement sans ses pieds boules mais avec une bélière , il a gardé les aiguilles Breguet mais pas les chiffres , il est alors référencé n°142 et ses couleurs sont rouge et or craquelées .extrait tarif rose Tarif Jaz  circa 1934 extrait page 2 . Ce tarif illustré présente l’intérêt de faire apparaître une version à répétition , dotée d’un  calibre 3D . Ephémère variété puisque le CLUB n’est plus au catalogue en 1936 . On constate qu’il est à peine plus cher que ses confrères disponibles en nickel , chrome ou émail uni , c’est à dire peint . Ce n’est donc pas cette petite différence de prix qui explique la difficulté à trouver des CLUB , d’autant que l’on trouve aisément ses contemporains , FONIC , ROMIC , GOTIC et CUBIC tous plus onéreux . Le CLUB ayant été doté des mêmes calibres B puis D que ses confrères , sa fiabilité n’est pas en cause pour expliquer son évidente rareté de nos jours alors qu’il a été disponible à la vente pendant onze ans , ce qui implique une forte diffusion : rappelons que Jaz vend 786.000 pièces en 1929 et atteint 10.000.0000 en 1943.                                                                                                                                                                             Ce paradoxe ne peut donc s’expliquer que par sa seule différence , à savoir son revêtement en peinture craquelée , qui s’obtient par la différence de séchage entre les deux couleurs appliquées l’une derrière l’autre et l’incompatibilité entre leurs médiums , aqueux et cellulosique par exemple . L’état d’usure , dans lequel se trouvent les exemplaires connus , prouve que cette technique présente des défauts de durabilité ; en particulier dans la deuxième couche noire qui tient visiblement mal sur la primaire rouge . En résumé , les CLUB ne sont pas réellement rares puisqu’ils ont été produits à des dizaines de milliers d’exemplaires , en revanche leur mauvais état de conservation dissuadent leurs possesseurs de les mettre en vente , s’ils ne les ont pas jetés , d’autant que le craquelé peut apparaître comme un effet non voulu et être considéré comme un défaut d’aspect .commande-etiquettes-1926Bon de commande d’étiquettes de 1926                                                                           En 1926 l’offre de Jaz se limite à sept réveils : quatre  ronds le REPLIC , le CLASSIC et le MODIC et le CLUB  qui étaient disponibles en version non-lumineuse C.B. dite cadran blanc ou  lumineuse  C.L. dite cadran luxe et trois grands réveils en bois marqueté :  les NORMAL , ARTIST et BUREAU . Aux origines de Jaz , cela impliquait des aiguilles et des chiffres très différents d’une version à l’autre  ; ce n’est pas le cas du CLUB qui ne sera doté que d’aiguilles et chiffres Breguet  , avant 1935 .

CALIBRE B circa 1919-1924

calibre-b

Le calibre B est le second calibre réalisé par la C.I.M.H. ,effectivement sa fabrication est antérieure à sa commercialisation en 1921 . Sa durée de vie fut assez courte puisque s’il a coexisté avec le calibre D qui le remplace totalement dès 1924 . Toutefois on peut trouver quelques calibres B postérieurement à cette date . Vers la fin des années 60 , le calibre D a remporté un tel succès que la marque elle-même, le présente  comme étant son premier calibre , effaçant totalement la trace des prédécesseurs , à savoir le A qui n’était certes qu’un prototype jamais commercialisé mais aussi ce B qui a tout de même servi pendant 4 ans …Il se définit comme suit : 30 heures à réveil , échappement  Roskopf , barillets démontables. fig40-echappement-suisseOn peut considérer le calibre A comme un prototype dont l’échappement à impulsions partagées dit « à ancre suisse »  s’avéra trop complexe à usiner . En outre comme on le voit sur cette figure n°40 , les palettes B et C sont obligatoirement d’onéreux rubis qui vont s’user .fig47-echappement-roskopfEn 1798, un horloger bisontin, L. Perron, imagine un échappement dont les fonctions sont à peu près les mêmes que celles de l’échappement à ancre , mais dont les palettes en rubis sont remplacées, pour des raisons d’économie, par des goupilles en acier. Ce type d’échappement est  choisi en 1867 par G. F. Roskopf  pour la fabrication de sa montre bon marché, qui fit sensation à l’époque. Cette montre apportait, au point de vue construction, des simplifications intéressantes comme  la suppression d’un rouage et elle était , en outre , très robuste . Le calibre B est donc doté de l’échappement à chevilles popularisé par Roskopf  au point de lui laisser son nom sans en être réellement l’inventeur , grâce à « La Prolétaire » comme il avait nommée sa montre au succès mondial . Plus simple , l’échappement Roskopf  avait donc fait ses preuves de simplicité et de robustesse . Il est caractérisé par l’absence complète de rubis . Les dents des roues d’échappement en acier agissent contre deux goupilles cylindriques en acier. La fourchette donne les impulsions au balancier en agissant contre un doigt en laiton. Il est évident qu’à conditions égales, cet échappement exige davantage de force que l’échappement à palettes en rubis. C’est précisément pour cette raison que Roskopf avait prévu une construction qui permettait de loger un grand barillet dans le mouvement ,or  le calibre B ne manquait pas de puissance avec son gros ressort . On peut rappeler ici l’adage bien connu : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. L’échappement à chevilles a sa place dans un réveil de fabrication simplifiée  visant au prix modique et robuste , exactement ce que cherchait Jaz à ses origines ! desc-cal-bSi aucun brevet n’est donc déposé pour le calibre A , le brevet du calibre B est d’abord déposé à l’étranger : le 6 Septembre 1919 au Royaume Uni et en Suisse , le 8 Décembre 1919 au Japon  et le 20 Mai 1920 aux USA . La demande de brevet est déposée pour la France auprès de l’ONPI le 3 Août 1920 et obtenue le 12 Mars 1921 . Le calibre B va équiper des modèles tels que le CLASSIC ou le CLUB  jusqu’en 1924.

BUREAU ( 1924 à 1933)

bureau-1928BUREAU , grand réveil-pendulette borne , mouvement mécanique , calibre B , daté 1928 sur le marteau . Largeur 28 cm , hauteur 16 cm , poids 1,270 kg . Corps en acajou , façade en marqueterie de bois exotiques sur fond de loupe d’orme . brureau-1928-boisS’agissant d’un travail fait main avec des matériaux naturels , aucun Jaz Bureau n’est tout à fait identique . pendulette-bureauDocument publicitaire , circa 1928 . On remarquera les aiguilles dorées différentes de nos modèles à aiguilles noires sans doute postérieures .Existait en version lumineuse ou non-lumineuse . Avec ses formes arrondies et son décor floral , le style choisi est encore plus proche de l’Art Nouveau que de l’Art Déco naissant .Bureau 1928 dos.JPGVue de dos : le couvercle arrière présente trois ouvertures ouvragées , obturées par un fin tissu , permettant au son de la sonnerie de sortir du corps en bois .L’arrêt de sonnerie est au sommet .bureau-1928-anatomieCe couvercle arrière  dissimule une cloche chromée très semblable à celle des réveils  courants . Le calibre , à gauche , est protégé par une plaque qui présente le double avantage d’arrêter la poussière et contenir le bruit du mécanisme  . Du fait de l’épaisseur du corps en bois et de l’emploi d’un cache arrière , les clés sont spécifiquement longues .bureau-1928-calibre-bLe cadran est émaillé , particularité rare chez Jaz . A droite du calibre B émerge le marteau de la sonnerie , sur lequel la date de production est poinçonnée en creux .

 

La tradition des noms de deux syllabes finissant en -IC n’étant pas encore instituée aussi Jaz  nomme ces autres pendulettes de la même série NORMAL et ARTIST et cette pendule à poser  BUREAU indiquant clairement sa destination . Ces trois pendulettes sont encore présentes au tarif de 1933 .

version anglaise du dos cloche sur un BUREAU importé en Angleterre

CLASSIC « 1919 » ( 1921 à 1937)

jaz-classicCLASSIC , originellement appelé le « JAZ », premier réveil de la C.I.M.H., Compagnie Industrielle de Mécanique Horlogère , première raison sociale de la future JAZ  S.A . Mouvement mécanique, calibre B. Corps en métal nickelé , trotteuse entre l’axe central et le 6 , petit cadran de la sonnerie de réveil sous le 12  . Diamètre 12,5 cm . Consultez notre article sur la rénovation d’un CLASSIC .                                                                                                                                                                                        Ce modèle était en vente au prix de 27 fr. pour le modèle avec cadran blanc non lumineux et 37 fr. 50 pour le modèle avec aiguilles et cadran lumineux ( ci -dessus au premier plan ) .Dans les années 60 , JAZ communique en début de catalogues en donnant les grandes dates de son histoire débutée en 1919 avec la fondation de la CIMH et « la naissance »(sic) du CLASSIC  mais sa mise en vente ne commencerait qu’en 1921 , en outre pour faire court ils le présentent  comme équipé du calibre D alors que les premiers modèles sont dotés d’un calibre B . Le CLASSIC sera au catalogue jusqu’en 1936 dans la gamme des  » Grands réveils » et on le trouve même encore sur les tarifs de 1937 en compagnie du REPLIC avec lequel il convient de ne pas le confondre .classic replic modic batic (4)CLASSIC , REPLIC , MODIC et BATIC .                                                                                                                                            Effectivement , comme son nom l’indique , ce dernier est la réplique du CLASSIC mais en plus petit avec un diamètre de 11 cm contre 12,5 cm pour son aîné . En 1923, il n’existait encore que 2 modèles de JAZ : celui qu’on appellera plus tard le CLASSIC et un modèle plus petit  qui deviendra le REPLIC . Ces 2 modèles étaient disponibles en version cadran dit blanc ou lumineux .sans-titre-2Dans un livret destiné aux horlogers, le JAZ est présenté comme « une nouveauté constituée d’éléments massifs et robustes, bien que légers dans l’apparence des formes « . Effectivement au début du XX° siècle les gros réveils comtois dominaient encore le marché de l’horlogerie domestique avec leurs silhouettes caractéristiques coiffées d’une, souvent deux , cloche à leurs sommets , le tout surmontée d’une bélière .reveil-comtois-jaz-classic Le CLASSIC est donc révolutionnaire avec sa cloche constituée par le dos même du réveil qu’un marteau , désormais interne , vient frapper .  La forme très spéciale de cette cloche arrière présente en sa partie centrale un enfoncement où viennent se loger les clés et les boutons, ce qui permet de suspendre le « JAZ » contre une paroi plane. Cette cloche est « remarquable par son timbre clair et sa forte sonorité »  » Un nickelage abondant, suivi d’un polissage soigné, achève de donner au « JAZ » ce cachet spécial d’élégance et de chic qui caractérise l’article riche » .classic-pub-2Pour arrêter les cloches extérieures il fallait pivoter un crochet qui bloquait la sonnerie , dorénavant le bouton au sommet est gage de facilité . Autre grande nouveauté  après la Grande Guerre , les aiguilles et les chiffres deviennent lumineux par l’emploi d’une peinture luminescente dans l’obscurité , légèrement radioactive d’abord au radium puis au tritium , qui avait été utilisée pour certains cadrans de bord des pilotes de l’Armée de l’air .

classic-boiteLe CLASSIC était vendu dans cette  boîte en carton illustré , accompagné d’un dépliant expliquant son fonctionnement  , vantant ses mérites et plus largement ceux de la marque Jaz . Format 13 x 14 x 6,5 cm .boîte Classic lumineux 53 Frboîte Classic Lx 53 FrCe prix de 53 Francs pour un Classic lumineux correspond au tarif rose de 1934 boîtes Classic Replic ModicEvidemment la boîte du CLASSIC  est la plus grande de cette série et les autres boîtes sont proportionnelles aux réveils contenus .