Prospectus de 16 pages . Format 15 x 11 cm . Imprimeur Draeger à Paris . Consultez notre article sur la version espagnole de ce prospectus .Page de Une : la Compagnie Industrielle de Mécanique Horlogère était la première raison sociale de Jaz , on retrouvera son estampille , soit sous la forme de son acronyme CIMH , soit en toutes lettres en bas des cadrans jusque dans le début des années 50 alors que le nom commercial devient aussi la raison sociale en 1948 : JAZ S.A. Si tous les mots ont leur importance , celui à retenir dans cette dénomination est INDUSTRIELLE car la nouveauté est là . Cette activité était , en France , cantonnée à quelques ateliers parisiens pour l’horlogerie de luxe . Pour les classes laborieuses qui lisaient l’heure sur des réveils francs comtois , des horloges de parquet ou des carillons c’est au talent des paysans-horlogers qui travaillaient l’hiver dans leurs fermes qu’il fallait s’adresser , celles du Jura , Haut Doubs , Haute -Savoie , etc . Après l’hostilité ouvrière aux progrès du machinisme au début du XIX° siècle , succède une première avancée vers la modernisation avec la sous-traitance de cette main d’œuvre par de grands noms comme JAPY qui finit par s’imposer avec la mécanisation de ses ébauches vendues bien moins chères que la concurrence .
page 2 Comme nous l’expliquions dans cet article sur un autre prospectus contemporain , il était d’usage , au début du XX°siècle , de montrer ses usines pour valoriser une entreprise . Offrir une vue de son usine atteste d’un passage réussi à l’industrie . On peut , en outre , comprendre cette fierté aux vues de ce bâtiment de 2500 mètres carrés tout neuf , sorti de terre à quelques mètres du grand Carrefour de la Défense que l’on aperçoit derrière où le CNIT s’installera en 1958 en ambassadeur du nouveau quartier de la Défense , qui va exproprier et démolir cette usine en 1961 .
page 3 le prospectus n’est pas daté mais le Capital Social est porté à 3,6 million de Francs en 1923 ; datation confirmée par les modèles présentés . Vous constaterez qu’il comporte une partie pédagogique sur le rôle du réveil , objet jusqu’alors strictement utilitaire .Juste à la sortie de la Grande Guerre , l’argument évoqué de réaliser un réveil français dans un marché essentiellement tenu par les allemands à certainement fait mouche . On vante l’usine , les qualités du matériel , des ingénieurs , des études préalables , de la sonnerie , etc. sans un mot pour le personnel , il est vrai peu qualifié . Enfin une partie technique , allant jusqu’au démontage indiquant clairement que la cible de ce prospectus est plus l’horloger distributeur que son client .
Ces vues des grands ateliers Jaz marquent une étape dans l’histoire de l’industrialisation de l’horlogerie puisque précédemment la fabrication de pièces fonctionnait traditionnellement selon le procédé dit de l’établissage : des artisans spécialisés travaillent à domicile et fournissent chacun un élément très spécifique . Les pièces sont ensuite collectées et assemblées par un « établisseur ». L’étape suivante sera Frédéric Japy qui regroupe ses ouvriers autour de sa fabrique pour minimiser les coûts de transfert . Puis pour chaque poste de travail , il conçoit une machine-outil adaptée et capable d’opérer une production en série . Japy augmente à faible coût les cadences de production tout en réduisant la main d’œuvre nécessaire . Chez Jaz , les ouvrières que nous voyons en blouses à leurs postes ont été formées en interne à des tâches peu spécialisées et mal payées , comme en témoignent les différents mouvement sociaux qui secoueront la manufacture ( article en préparation) .
Ecole Professionnelle à Nantes Manufrance atelier de polissage Les ateliers bardées de courroies , qui actionnent les machines outils , dont la force motrice venait de la vapeur , dans un vacarme effroyable , ne vont disparaître qu’après la seconde guerre mondiale et l’avènement de l’eléctricité
Avant la nationalisation du secteur électrique par le Général de Gaulle en 1946 , ce ne sont pas moins de 1450 entreprises françaises privées qui coexistent pour assurer la production, le transport et la distribution d’électricité et de gaz .
Jaz pouvait s’auto-alimenter en énergie comme les usines de batteries et de véhicules électriques DININ de Puteaux et leur machine à vapeur ou se fournir auprès de l’usine d’électricité Ouest Lumière de la rue Volta .
La version espagnole vante les mérites des machines outils , des études préalables , du bon goût français mais aucune allusion au personnel . Pour la France , il est qualifié de Main d’œuvre raffinée de la région parisienne : ils n’ont pas osé opposer la classe ouvrière de l’Ouest parisien censée être plus éduquée à celle de l’Est plus revendicatrice .
De DION BOUTON voitures 36.000 m2 /2.000 ouvriers , UNIC camions , SAULNIER avions , , HUTCHINSON pneus , COTY parfumeur , sans oublier le célèbre Arsenal Atelier de construction de l’Artillerie de Puteaux. A coté de cette grande industrie lourde, Puteaux voit naître de très nombreux petits ateliers de mécanique qui travaillent en sous-traitance , des fonderies , etc .