Air-France et Jaz

Extrait de la Jazette n°19 de Juin 1948.

air france et jazUne seul appareil horaire dans un aéroport et ce serait un Jaz ? On serait tenté de croire que le rédacteur exagère tant les globe-trotters, que nous sommes tous devenus, sont familiers des terminaux truffés d’horloges à chaque pilier.

Nous avons tous en tête soit les Rolex de Roissy,  soit la spectaculaire horloge astrolabe d’Orly,  soit les douze fuseaux horaires de l’aéroport du Bourget ou n’importe quel autre aérogare dans le monde. Un Jaz fait figure de montre gousset face à ces monuments.

La raison de notre étonnement intrigué est double, d’abord l’image que nous avons de la Compagnie Air France entretenue par ces affiches de la même année 48 que la Jazette n°19, qui n’est pourtant pas si triomphante dans l’immédiat après guerre et ses pénuries récurrentes.

La deuxième raison en est la vision dans l’imaginaire populaire des aéroports, nouvelles cathédrales du XXI° siècle à la gloire de la technologie et de la mondialisation triomphante.

Tarbes Lourdes En fait à Ajaccio, on était plus proche des installations de Tarbes Lourdes  qualifiées, sans rire, d’Aéroport International, depuis Mai 1948. Les modestes baraques Adrian , photo ci-dessus de 1950, ont été utilisées de 1948 à 1957. Dans la perspective du centenaire des Apparitions et de la finale de la coupe de rugby emportée par le FC Lourdes en 1948, elles seront miraculeusement remplacées par un équipement plus moderne : Alleluia et Allez le FC Lourdes !

En 1946 et 1947, même l’aérogare de Nice ressemble à un aéro-club d’aujourd’hui.

Un terrain en herbe existait avant la Seconde Guerre mondiale, près Ajaccio mais ne proposait apparemment aucun service de transport. Ce champ se nommait Campo dell’Oro qui sera le premier nom du futur aéroport d’Ajaccio-Napoléon-Bonaparte.unnamedLes premiers vols réguliers à destination de Marseille ont débuté avec la mise en place d’un service d’hydravion en 1935 au départ du port d’Ajaccio.                                                                                                                                                                                                            benito en corseMussolini en Corse regardant ses forces aériennes passer, sans pouvoir atterrir. N’oublions pas que la Corse se libère elle même de l’occupant fasciste, dès Septembre 1943, et pourtant les allemands, et surtout les italiens, représentaient une force démesurée d’occupation, soit 100.000 soldats pour 200.000 corses. Mais la volonté de la Résistance de l’île de botter les fascistes hors de Corse, est farouche: un homme sur vingt rejoint les maquisards, chiffre inégalé sur le Continent.

Une unité française de la Royal Air Force, était opérationnelle sur le terrain en herbe de Campo dell’Oro avec des Spitfires Super Marine. Les avions lourds des alliés ont été incapables d’atterrir ou sont venus s’égarer dans la surface molle. Si la Corse est surnommée à partir de 1944, USS Corsica, comme s’il s’agissait d’un porte avion américain insubmersible c’est en raison de la base aérienne de Solenzara  et 17 autres terrains d’aviation militaire disséminés sur l’île, mais pas vraiment Ajaccio.

de Gaulle AjaccioEn 1944, les forces aériennes de l’armée américaine s’installent et posent une surface dure de tapis perforés en métal. Néanmoins Campo dell’Oro représentait un défi pour les gros avions en raison de ses pistes relativement courtes et de sa proximité des montagnes. Toutefois, ces pistes pavées ont été le fondement de l’aéroport moderne.

Avia-messerschmitt 199En 1948, le principal trafic aérien à Ajaccio résultera d’un petit trafic, bien terre à terre celui-là, entre les autorités tchécoslovaques pas vraiment autorisées à vendre des avions de combat Avia-Messerschmitt S-199, originellement fabriqués pour les Nazis, à la Haganah groupe paramilitaire sioniste pas trop autorisé par les anglais à introduire des armes en Palestine. Pour autant le gouvernement français, favorable à la création d’Israël autorise secrètement les dits avions, ils étaient effectivement dix, à faire une escale technique indispensable en Corse parce que leur autonomie est limitée, notion évocatrice sur l’Ile de Beauté.

campo dell'oroCampo Dell’Oro ne prend cette allure que dans les années 60. En 1948, le Jaz mentionné par la Jazette n°19 ne régnait que sur une casemate héritée des américains.

 

Réveils en carton durci aux USA

Extrait de la Jazette n°15 de Octobre 1947

histoire reveil cartonPaul Nicolas, par ailleurs directeur de Jaz et fondateur / rédacteur en chef des Jazettes, auteur de cet petit encart, fait usage de litote concernant la connaissance qu’il a de Cyril Chessex et son identité. Nous en avons fait la découverte à l’issue d’une enquête longue et complexe. Nous étions déjà intrigués par cet étrange mélange d’informations précises le concernant, sur son parcours et sa nationalité, opposées à un flou « artistique » à propos de son appartenance au monde horloger, ce qui est d’ailleurs une formulation peu orthodoxe dans un secteur où les métiers sont très définis: on est cadranier, angleur, émailleur, paillonneur, etc. On n’appartient pas monde horloger sans poste précis, sauf qu’après analyse, on constatera que l’expression était tout à fait appropriée!

les lettres françaisesLes Lettres Françaises 1947                                                                                                                                                                                                                                            L’analyse a essentiellement porté sur les arbres généalogiques suisses et les fiches d’Ellis Island, cette île face à la Statue de la Liberté, où passent tous les immigrants pour les USA. On y apprend que de son nom complet est :

Cyril Ami Louis D’ARCY CHESSEX , né en 1917 et décédé en 2009 à 91 ans, après avoir épousé en 1946 Anne Marie FATZER née en 1922, union en 1946 dont sont issus quatre enfants.

Liste des publications:

  • Revolt in Switzerland chez Vantage Press en 1954
  • La publicité s’interroge chez Delachaux et Niestlé en 1965
  • La Publicidad en El Banquillo chez Hispano Europea en 1967
  • A la Conquête de la Chance chez Favre 1988

Finalement l’élément déterminant se trouve dans le couple parental: si son père est né le 28 juin 1879 à Montreux, en revanche sa mère Jeanne Yvonne est née à Bienne, ville horlogère s’il en est, mais surtout, elle est issue de la célèbre famille des horlogers Brandt, dont provient également le co-fondateur de Jaz: Louis-Gustave BRANDT avec lequel Paul Nicolas collaborait. Dès lors il appartient bien au monde horloger sans que ce soit sa profession, voilà pour l’allusion.

Mais, ci-dessous, nous allons comprendre que Paul Nicolas, un des plus grands théoriciens de la publicité et pionnier de ce métier en France, l’a probablement très bien connu ultérieurement, et par ailleurs, en raison du  poste prépondérant obtenu par Chessex dans cet univers, où Paul Nicolas était alors absolument  incontournable Pierre marcel Favré éditeur suisseParis Match, édition suisse,  article par Jean Pierre Pastori du 31 janvier 2020 à propos du célèbre éditeur genevois,  Pierre-Marcel Favre, aux 1800 ouvrages publiés dont ceux de Cyril Chessex .

Paris match

Cet extrait de l’article de Paris Match met en lumière le devenir de Cyril Chessex, à la tête du département publicité de la première entreprise agroalimentaire du monde et  plus grande entreprise laitière du monde. 

Robert Bousquet l’Horloger de Roubaix

Cet article est basé sur les travaux des Ateliers Mémoire de Roubaix et la plupart des documents sont issus des archives de Madame Edyth Bousquet , fille de cet horloger-bijoutier hors normes  : nous les en remercions . Ces ateliers sont remarquables par leur qualités documentaires et pionniers par l’intérêt qu’ils portent aux commerces , les grands oubliés des monographies communales . Nous essayons pour notre part de contribuer à cette branche de l’Histoire avec notre rubrique des horlogers affiliés à Jaz . On y verra aussi un exemple remarquable et détaillé de l’évolution d’un commerce de détail en horlogerie- bijouterie , des origines jusqu’au delà de sa fermeture , comme il y en a tant eu en France au XX° siècle . Enfin , vous le verrez en fin d’article , il nous permet d’éclairer toute une page d’une Jazette de 1946 .

Robert Bousquet voit le jour à Paris en 1909 . Devenu apprenti en horlogerie bijouterie , après ses études il épouse Ludivine Nys , elle même  secrétaire sténo dactylo dans un restaurant parisien , en 1930.

Bousquet première boutique Son épouse étant originaire de la rue du Collège à Roubaix , il décide d’ouvrir sa propre bijouterie horlogerie en Février 1932 , au 42 rue de la Vigne , dans un petit commerce qui était auparavant un petit magasin de meubles. Le couple Bousquet – Nys choisit son enseigne  en raison de la toponymie de leur rue : Au Carillon de la Vigne .bousquet café et voitureIls ont le sens de la communication et offrent le café à tous les visiteurs , en n’omettant pas de bien l’afficher en façade de la boutique . Ils vont jusqu’à fixer un carillon factice géant sur la galerie de sa voiture . foire de Lille 1946En 1946 , sur leur stand à la Foire Commerciale Internationale de Lille , le couple Bousquet pose  sous une rangée de murales électriques , derrière un long carillon en bois . Ils organiseront leur propre Salon du Bijou à Roubaix , cette même année , comme Jaz s’en fera l’écho dans la Jazette n°10 .

Grâce à notre importante banque de données sur l’horlogerie française de gros , réveils et pendules , nous avons réussi à identifier les grande garnitures à droite de leur stand .mequinionNous les attribuons par analogie de style , que confirme des aiguilles et index identiques , à des créations du célèbre artiste Art Déco Roger Mequinion , nouvelle valeur montante des salles des ventes , en revanche l’horloger- fabricant  reste encore inconnu .Foire Lille 1946

Le savoir faire professionnel de Robert est reconnu de sa clientèle. Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante, si bien que son jeune frère Henri est appelé en renfort ; il vient l’aider au SAV horlogerie dans la boutique et emménage dans une maison voisine.

Edyth , la fille de Ludivine et de Robert naît en 1952 .bousquet boutiqueD’évidence sa petite boutique n’est plus adaptée à son activité sans cesse croissante . Le café de l’Univers , célèbre à Roubaix , qui se libère sur la Grande Place est une opportunité qu’il ne laisse pas échapper et qu’il investit en 1953 .

SONY DSCLe magasin est installé au rez de chaussée ; au 1° étage sont aménagés bureaux et archives comptables ; au 2° étage se trouve l’atelier d’horlogerie , heureusement desservi par un monte charge .

Le couple conserve son appartement rue de la Vigne , le temps d’aménager le 1° étage du bâtiment de la Grand Place . Ludivine et Robert n’y emménageront que bien plus tard , en 1957 .vitrines BousquetD’une surface de vente de 95 m2 , la vaste boutique lui permet d’étendre sa gamme d’orfèvrerie , de joaillerie , de cadeaux et d’y joindre les trophées sportifs . Il développe également ses sélections en proposant des montres de marques prestigieuses , comme Lip , Tissot , Seiko , Breitling , Omega , ainsi que des réveils et horloges Jaz .SONY DSCDépositaire exclusif des produits Jaeger-LeCoultre , il présente un choix énorme avec 1000 montres exposées dans ses quinze vitrines ! Robert Bousquet reçoit la croix de chevalier de l’Ordre du Mérite Commercial en 1954 .RB BRLe titre de Bijoutier de Roubaix pourrait paraître prétentieux , en fait cela permet juste un petit ambigramme à symétrie axiale ou effet miroir , accentué par une couronne , entre les propres initiales de Robert Bousquet et celles de Bijoutier de Roubaix . bousquet voiture On voit son véhicule stationné devant son magasin et en vignette . Mais il reste modeste dans ses choix puisqu’il choisit une Henry J. par Kaiser qui est une des rares américaines bon marché .club du commerce Il crée le « Club du Haut Commerce de Roubaix » qui regroupe les principaux commerçants du centre ville et en devient le président.exactitude bousquetImaginatif , Robert Bousquet créé le concours de l’exactitude , à la fin des années 50 soit 40 ans avant celui de Vedette . Ce concours, réservé aux écoliers de Roubaix, consiste en une rédaction de textes sur l’exactitude . Très populaire auprès des roubaisiens , il est reconduit d’année en année , de 1956 à 1963 . Il distribue lui même des bulletins de participation aux élèves enthousiastes et décore une de ses vitrines aux couleurs de LIP , de son  concours et des ses cadeaux comme  l’hélicoptère de la Sabena au dessus de l’Atomium du  prospectus de l’Exposition Universelle de 1958 à Bruxelles où Jaz sera récompensé de la médaille d’Or ..sabena bousquetLes lots sont nombreux : une montre en or , un livret de Caisse d’Epargne de 10.000 anciens francs , un voyage pour visiter l’usine Lip à Besançon et y rencontrer M. Fred Lip en personne , un déplacement en hélicoptère de la compagnie Sabena à l’Exposition Universelle de Bruxelles de 1958 et de nombreux autres cadeaux de valeur pour les gagnants suivants.bousquet 1 Bousquet est vice président de la chambre de commerce de Roubaix et membre agréé du Haut Commerce de France; il fait partie de l’Elite des horlogers bijoutiers de France , une création de Paul Nicolas , par ailleurs directeur de Jaz .bousquet sportif En haut : Monsieur Bousquet avec d’autres dirigeants de club sportifs: il était lui même président du lutteur club de Roubaix. En bas : Robert Bousquet à gauche avec des lutteurs sur fond d’horloges murales dans sa boutiqueSONY DSC Robert Bousquet avait une qualité rare dans son métier : l’humour , si bien qu’il n’hésite pas un seul instant , lorsque le journal régional , Nord Eclair , lui propose de rédiger un article « Poisson d’Avril » pour les lecteurs du quotidien en avril 1965 .

Le scénario est celui-ci : un bus effectue des manœuvres en marche arrière pour éviter un chantier de travaux mais le moteur s’emballe ; le bus recule très brutalement et vient fracasser la vitrine de la bijouterie , par chance à un endroit qui permet tout de même de bien voir la boutique et ses publicités  .SONY DSCLe 1er Avril 1966 , nouveau scénario : quelques mois avant la coupe du monde de football , qui a lieu à Londres cette année là , le trophée Jules-Rimet est dérobé lors d’une exposition à Westminster . Scotland Yard retrouve le précieux objet convoité et décide de l’exposer à la bijouterie R. Bousquet sous haute surveillance policière britannique . La base de l’histoire est vraie mettant toute l’Angleterre est en émoi et Scotland Yard chargé de l’affaire. La chute de l’histoire est plus  rocambolesque que le poisson d’Avril de Bousquet : Le 20 mars 1966 , un petit chien nommé Pickles  retrouve le précieux objet lors de sa balade nocturne dans un cottage de South Norwood , quartier au sud-est de Londres.

Le petit bâtard noir et blanc est fêté comme un héros et son propriétaire , David Corbett , se voit offrir un billet pour la finale et un an de croquettes ; à droite devant la tombe de Pickles , de nos jours .  Voyez cet article du Parisien : l’histoire finit mal pour le chien et la Coupe et ses 3,8 kg d’or , encore volée en 1983 au Brésil , puis jamais retrouvée.

En 1967, toujours dynamique et en avance sur son temps , il prolonge l’ouverture de son magasin en nocturne jusqu’à 21h30 le mercredi , comme la plupart des commerçants du centre ville .René BousquetRobert est un homme de communication . Lors du salon des arts ménagers , à la foire de Lille, il présente son stand à la célèbre Jacqueline Joubert , speakerine de l’ORTF et mère de Antoine de Caunes . Sur la photo de droite , il fait admirer un de ses bijoux à la chanteuse Jacqueline Boyer , fille des chanteurs Jacques Pills et Lucienne Boyer  , qui  remporte le Concours Eurovision de la chanson pour la France,  avec la chanson Tom Pillibi en 1960 . SONY DSCDocuments archives municipales de Roubaix

En 1971, Robert Bousquet tombe malade , est hospitalisé à la clinique St Jean de Roubaix et part ensuite en convalescence dans le sud de la France . A la fin des années 70 , Max Revel est nommé président du conseil d’administration de la S.A. Bousquet , qui en 1981 dépose une demande de permis de construire pour la transformation du magasin.bousquet 1981Les façades vont être rénovées avec des huisseries neuves et des rideaux de fer anti effraction . On notera l’emploi de matériaux luxueux comme la pierre de la carrière de Corton en Côte d’Or , une miroiterie fumée bronze , des peintures laquées noires et des vitrines en acajou verni . Le résultat est magnifique mais a coûté 210.000 francs . Est ce dû à cet investissement de rénovation trop important ou au début d’une situation économique locale difficile ? Toujours est il que le magasin cesse son activité au début des années 90 . la griffe d'orLa Griffe d’Or reprend le magasin au milieu des années 90 , altérant l’aspect chic du magasin mais il vrai qu’ il s’agit d’une simple boutique de cadeaux , petits bijoux , montres bas de gamme et listes de mariage . Le succès n’est pas au rendez-vous et le commerce ferme , très peu de temps après son ouverture. karitéEn revanche l’enseigne «  Karité » institut de beauté spécialisé en centre de minceur , d’esthétique, de bien-être, de relaxation , qui a repris les lieux en 1998 est toujours en activité de nos jours .Jazette n°10 Avril 1946 page 4Jazette n°10 Avril 1946 page 4

Ce long préambule nous permet d’éclairer cette dernière page de la Jazette d’Avril 1946 . Nous savons dorénavant qui est cet horloger haut en couleurs qu’est Robert Bousquet , signataire de cette lettre à Paul Nicolas ; La silhouette est donc celle de Yvonne Dys , comédienne, qui aura également une petite carrière télévisuelle et cinématographique , dont on comprend mieux la présence quand on se rend compte qu’elle porte le nom de jeune fille de Madame Bousquet et l’on voit déjà apparaître le frère en gardien de nuit . Ce petit Salon du Bijou à Roubaix , en 1946 , n’a pas marqué les mémoires , pas même  l’histoire locale puisque les Ateliers de Mémoire n’en parlent pas . Mais il montre le dynamisme de ce commerçant hors normes qui réussit à faire venir Victor Provo , maire de Roubaix de 1942 à 1977 et futur Sénateur du Nord . Dès son retour de camp de prisonniers en 1940 , il  rejoint la Fédération socialiste clandestine du Nord . La Résistance, à laquelle il a immédiatement adhéré,  lui demande d’accepter le poste de Maire dont il fait un foyer actif de la clandestinité . Reconduit à ce poste par les instances de la Résistance à son poste de maire en 1945 , il se présentait donc le lendemain de l’inauguration du salon pour la première fois devant les électeurs : preuve que rien ne résistait à ce Bousquet , même pas les grands résistants .

 

Louis-Gustave BRANDT co-fondateur de Jaz directeur Tissot et Oméga

Brandt Louis GustavePhoto par le célèbre Studio Harcourt , le portraitiste d’exception  des personnalités Jazette déc 1947 page 2Texte extrait de la Jazette n°16 de Décembre 1947 . Cette petite publication de quatre pages était adressée aux horlogers affiliés à Jaz , créée et rédigée par Paul Nicolas à gauche sur la photo , elle est d’ordinaire consacrée à la vie de l’entreprise . Ce numéro spécial est entièrement consacré au décès de l’un des fondateurs de la marque .Jazette déc 1947 page 3fondateurs-et-dirigeants_previewPhoto par Willy Ronis (voir notre article sur ce photographe )                                                     Des fondateurs de Jaz , L-G. Brandt était le seul  » horloger » mais lequel ! Il est issu de la famille fondatrice d’Oméga qui est encore de nos jours la première marque du groupe Swatch  et réalise un chiffre d’affaires d’environ deux milliards d’euros , ce qui en fait la seconde au niveau mondial derrière Rolex  . Pour expliquer la présence de Monsieur Brandt à la tête de Tissot également , il faut savoir que les deux entreprises étaient unies depuis 1930 au sein de La Société Suisse pour l’Industrie Horlogère ou SSIH , véritable holding qui leur permettra de traverser sans trop de dommage la grande dépression de 1930 qui frappe durement toute l’industrie horlogère .                                                                                                                                                                                  Pour Jaz , ce qui est important  de savoir , c’est que dès 1879 , les deux fils de Louis Brandt fondateur de la dynastie , Louis-Paul et César Brandt , décident de se lancer dans la fabrication industrielle dite « à l’américaine ». En raison de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée , de surfaces disponibles et de l’opposition de leurs concurrents , tous installés à La Chaux-de-Fonds , cette ville ne leur paraît pas convenir . Ils s’installent définitivement à Bienne , mieux située sur le plan logistique : transports, main-d’œuvre, fourniture d’énergie , etc . Dès janvier 1880, ils lancent leur premier calibre fabriqué par des procédés mécaniques                                                                                                                                                                                                                                                            Ces points essentiels , nous les retrouvons à la création de la première usine Jaz implantée à Puteaux pour les qualités logistiques de cette commune parisienne bien desservie en énergie avec la Centrale Electrique Ouest Lumière , en voies routières et navigables d’acheminements pour les fournitures , en transports en commun pour le personnel et en main d’oeuvre certes peu qualifiée mais censée être plus « gérable »que celle de la banlieue est -parisienne , qualifiée de très rouge . Enfin le plus important est que Jaz applique aussi pour la fabrication de ses réveils des procédés industriels mécaniques à l’américaine : rationalisation , standardisation et taylorisation permettent une fabrication à la chaîne en grande quantité d’un produit de qualité constante à prix compétitif produit par des ouvriers moins qualifiés donc moins chers .                                                                                                                                                                                                 L’originalité de Jaz par rapport à Oméga sera une publicité hors normes , particulièrement au cinéma , initiée par Georges Scemama et magnifiée par Paul Nicolas . 10 millionLouis- Gustave Brandt décroche le dix millionième Jaz , en Juillet 1943 , à l’usine de Puteaux .

Jazette déc 1947 page 4 BrandtEloge funèbre par Paul Nicolas , qui nous apprend autant sur les talents oratoires de celui qui va lui succéder , que sur Louis Gustave Brandt inhumé au cimetière de Saint Germain en Laye .                                                                                                                                                                                         LA DYNASTIE BRANDT louis brandt

  • Né en 1825, Louis Brandt est le fils de Frédéric-Louis Brandt , horloger à La Brévine. Il a travaillé durant quelques années dans l’entreprise paternelle à la production d’échappements ancre et duplex . Ceux-ci ne sont alors utilisés que dans l’horlogerie de précision . Le jeune Louis Brandt vient de fêter ses 23 ans lorsqu’il se marie et quitte sa Brévine natale pour aller s’établir à la Chaux-de-Fonds .
  • En juin 1848 , il se met à son compte avec son comptoir d’établissage , ce qui consistait à assembler des pièces d’horlogeries fabriquées par de petits ateliers , souvent familiaux . Pour une bonne partie des horlogers jurassiens, l’horlogerie était ainsi une activité à temps partiel qui se substituait au travail principal , l’élevage bovin fréquemment , durant les rudes hivers . C’est donc tout naturellement dans ce domaine de l’horlogerie de précision , avec lequel il est familiarisé , qu’il se spécialise , fabriquant surtout des montres goussets à clef , avec boîtiers en argent . Naissance de quatre enfants , dont les deux derniers : Louis-Paul né en 1854 et César né en 1858 , père de Louis -Gustave fondateur de Jaz , s’impliqueront dans la société familiale . A 19 ans , Louis-Paul Brandt passe une année en Allemagne , puis deux ans en école d’horlogerie . En 1876 , les deux frères partent en stage en Angleterre .

louis paul

  • Deux ans plus tard , César rentre à son tour d’Angleterre pour s’occuper des ventes , Louis-Paul se consacrant essentiellement à la technique . Leur père décède en 1879 à l’âge de 54 ans ! Les deux frères s’associent à leur tour  formant entre eux une nouvelle société en nom collectif qui conserve cependant la raison sociale Louis Brandt et Fils . A peine devenus leurs propres maîtres , ils décident d’abandonner le système de l’établissage pour transformer leur maison en manufacture travaillant par procédés mécaniques .                                                Comme La Chaux-de-Fonds ne leur semble pas être le milieu le plus favorable à l’épanouissement d’une nouvelle manufacture, en raison de la pénurie de main d’œuvre, de surfaces disponibles , d’approvisionnement énergétique et de l’opposition que les concurrents et même la population y manifeste  contre ce genre d’entreprise , ils s’installent à Bienne .1885 -louis-brandt-fils
  • Les frères Louis-Paul et César Brandt lancent en janvier 1880 leur premier calibre réalisé par procédés mécaniques dans leur toute nouvelle manufacture biennoise : un remontoir bon marché à échappement cylindre, vendu en boîte argent ou métal . Les résultats sont très concluants. Cette innovation réussie donnera peu après naissance aux premières marques de la maison : Jura , Patria , Helvetia , Décimal et tout spécialement Gurzelen , qui connaît immédiatement un grand succès. 1880 : Naissance de Paul-Emile Brandt, fils aîné de Louis-Paul . Il étudiera à Bienne , à l’École polytechnique fédérale de Zürich et à l’Université Cornell aux Etats-Unis. A fin 1881, l’usine compte déjà 250 personnes.

En octobre 1882, naissance d’Adrien Brandt, deuxième fils de Louis-Paul et frère de Paul-Emile . Il est grand temps de voler à votre aide , par un schéma , pour mettre de l’ordre dans la compréhension de cette grande famille d’horlogers qui n’a rien fait pour nous faciliter la vie , allant même jusqu’à donner à tous ces descendants mâles des prénoms comprenant toujours celui de leur ancêtre Louis, certains ne figurant qu’au niveau de l’État Civil !

Brandt arbre généalogiqueArbre généalogique simplifié de la dynastie Brandt ne mentionnant que les descendants de Louis Brandt ayant joué un rôle actif au sein d’Omega et du groupe SSIH.

On y voit également les deux  fils de César : Ernest (1885+1958) et notre Louis-Gustave  simplifié en Gustave .

famille-brandtEn début des années 1920 , le Conseil d’Administration d’Omega était présidé par Adrien Brandt et comptait Paul-Émile Brandt et les deux frères Gustave Brandt et Ernest Brandt en tant qu’administrateurs .  RESEAU-OMEGA-1939Réseau de la famille Brandt en 1939 : on notera que l’ histoire de la famille Brandt étant axée par les collectionneurs et les industriels autour d’Oméga , marque suisse de montres , le volet Jaz est généralement éludé s’agissant pourtant d’une des premières marques mondiales d’horlogerie fondé par un des membres imminents de cette lignée . Toutefois Jaz présente , à leurs yeux , deux tares rédhibitoires : ce sont des réveils qui plus est , français …et pas des montres forcément et obligatoirement suisses . C’est oublier que Jaz a longtemps dépassé Oméga en production , en chiffres d’affaires et en renommée mondiale .Musée-Omega-hSource de ce petit historique de la dynastie Brandt : la Société des Amis du Musée Oméga et le discours de son président , Jacques-Alain Voirol , ex-cadre Finances d’Omega et du Swatch Group ,  pour le 25° anniversaire de la SAMO  en 2019 . Inauguré en 1983, le Musée Omega, est le pre­mier mu­sée horlo­ger de marque du monde . Créé à l’initiative de la Fondation Adrien Brandt en faveur du patrimoine Omega , fondé l’année précédente par Char­les L. Brandt , dernier descendant de la dynastie fondatrice à avoir exercé une ac­ti­vi­té au sein d’Omega . watch oméga museumDepuis 2019 , il est intégré dans l’extraordinaire bâtiment de la Cité du Temps .

 

                    Temple Grec , montre de JFK , Speedmaster lunaire et Dali                                                                                                                                                                           Le musée est en outre d’une richesse exceptionnelle :  on citera la pre­mière mon­­­tre-bracelet à répétition mi­­nutes du monde datant de 1892 , la pre­mière montre de poche por­tant la mar­que Ome­ga en 1894 , la montre de poche « Temple grec » lau­ré­­a­­te du Grand Prix de l’Expo­si­­tion uni­ver­sel­le de Paris en 1900 , le chro­­no­graphe-bra­celet de Law­­rence d’Ara­bie (1915), la montre de po­che joaillerie à répétition mi­nu­tes du Né­gus d’Abys­­si­niede 1929 , la première mon­­tre de plongée du mon­de de 1932 , le chro­­no­graphe de po­che des pre­­miers JO chronométrés of­fi­ciel­le­ment par une seule et même mar­que en 1932 , le chro­no­mè­tre de bord dé­tenteur des records du monde de précision 1933 et 1936 records res­­tés à jamais inégalés , la Cente­na­ry du roi Frederick IX du Da­ne­mark en 1948 , la pre­miè­­re ca­mé­ra pho­to­­fi­nish mo­derne de 1949 , la mon­tre-bracelet de l’ex-impératrice Soraya (1950), la Croix du Mérite Olym­pi­que honorant l’in­tro­duc­tion du quartz dans le chronométrage des JO (1952), la mon­tre-bracelet or de John F. Kennedy (1960), la première Speed­master por­tée en orbite par l’astro­nau­­te Walter Schirra en 1962 , le Silver Snoopy Award dé­cer­né par la NASA en 1970 pour rendre hommage au rôle ca­pital joué par ce chronographe dans le sauvetage de la mission Apollo 13 , la statuette-pendulette La Prémonition des Ti­roirs de Sal­va­dor Dalí de 1973 , la Ma­ri­ne Chronometer de 1974  montre-bracelet à quartz la plus pré­ci­se du mon­de ou l’Omega Constellation platine jo­ail­lerie d’Elvis Presley  1958,  re­cord du monde des ventes aux en­chè­res dans sa ca­té­go­rie en 2007 à 1,8 million de dollars .