
Pour la plupart d’entre nous, VDO n’évoque au mieux que des compteurs et horloges de voitures, pourtant c’est bien plus que cela puisque la marque a été de 1978 à 2000 à la tête de IWC, Jaeger-LeCoultre et A. Lange & Söhne, rien que cela…
Adolf Schindling Siège de VDO
Historiquement, c’est Adolf Schindling, né et mort à Francfort-sur-le-Main, en 1887+1963, qui fonde en 1921 la société OSA Apparate GmbH avec Georg Häußler, un alsacien de Bischweiler. À partir de 1923, ils se lancent dans la production d’instruments de mesure pour l’industrie automobile. Ils s’adjoignent la collaboration d’un autre alsacien, de Strasbourg cette fois, Schulze qui avait déposé un brevet pour un tachymètre à courants de Foucault en 1902. Grâce à la fusion avec le fabricant de compteurs de vitesse berlinois DEUTA, la société VDO Tachometer AG est fondée en 1929. L’acronyme de la nouvelle entreprise paraît très étrange puisque ce V ne correspond finalement à rien. Le V devait représenter Andreas Veigel, un concurrent qui annule la triple fusion prévue avec DEUTA et Schindling au dernier moment. Bien mal lui en pris, son entreprise fera faillite peu après, écrasée par le succès de VDO. On comprend aisément pourquoi l’alsacien Häussler quitte l’entreprise avant 1938.


Ayant racheté les parts de DEUTA en 1942, après la Seconde Guerre mondiale, il renomme la société VDO Adolf Schindling GmbH. En 1958, celle-ci employait 3 000 personnes soit deux fois plus que Jaz.

Néanmoins le grand homme de VDO, c’est plutôt Albert Keck qui est né à Dunningen à la lisière de la Forêt-Noire en 1928 à quelques kilomètres de l’usine PETER de Rottweill. À l’âge de 16 ans, il a été enrôlé comme soldat. Après la guerre, il complète sa formation professionnelle d’abord comme apprenti horloger puis mécanicien de précision chez Junghans, couronné par un diplôme d’ingénieur à l’école nationale d’horlogerie de Furtwangen. Sa thèse de diplôme de 1950 consistait en la construction d’une production de mouvements pour le réveil anniversaire du centenaire de cette école.

Keck trouve un emploi de «jeune ingénieur» chez VDO à Francfort. Il devait rester fidèle à cette entreprise toute sa vie. Déjà à l’époque, VDO était un fournisseur majeur de compteurs de vitesse et d’autres instruments de bord pour l’industrie automobile. Il fait rapidement carrière et se dessine l’avenir doré sur tranche de Keck chez VDO, puisqu’en 1956, il devient directeur de la conception, en 1959 ingénieur en chef et en 1966 il est le directeur général.
Jusque-là, VDO fabricant d’instruments de bord comme les manomètres et tachymètres, achetaient les mouvements de ses montres automobiles à des entreprises horlogères de Schwenningen. Bien que quasiment inconnue en France , cette ville s’est auto proclamée à juste titre la «plus grande ville d’horlogerie du monde» puisque on y verra prospérer Kienzle, Mauthe, Carl Werner, Kaiser, Haller, entre autres grandes firmes horlogères mais aussi plusieurs centaines de petits, voire très petits fournisseurs. Ces horloges fonctionnaient électriquement, il n’était donc plus nécessaire de les remonter à la main, néanmoins à cause des fluctuations de température dans la voiture et aussi à cause des vibrations du véhicule, ils avaient un écart de taux quotidien d’une à deux minutes, qui commençait à devenir gênant avec l’apparition des auto-radios.
Les entreprises horlogères de Schwenninger n’ont pas été en mesure de fabriquer des montres plus précises à un prix acceptable pour VDO. C’est pourquoi Albert Keck a décidé que VDO devrait développer lui-même une horloge de voiture. Leur précision devrait être cent fois meilleure, mais la montre ne pouvait pas coûter plus cher. Objectif ambitieux que seule une montre à quartz rendait possible. Mais à l’époque, il n’y avait qu’une poignée de petites montres à quartz sur le marché, toutes bien trop chères. Le «Crystal Chronometer» de Seiko, par exemple, coûtait le prix d’une voiture et la Jaz PRESIDENT valait deux SMIC de l’époque.
Les composants individuels ont été développés en étroite collaboration avec la société néerlandaise Philips. Cette stratégie a eu un coût énorme puisqu’au cours de la période de développement de quatre ans, VDO a investi environ 30 millions de marks dans ce projet.
En 1969, la première petite série de 1000 montres a été fabriquée et la production en série a commencé l’année suivante. Jusqu’en 1975, VDO était le seul fournisseur d’horloges à quartz capables de les fournir au prix des horloges de voiture classiques. VDO devient le plus grand fabricant mondial dans le domaine des montres de bord. En 1985, 30 millions de montres avaient été vendues.
Depuis 1974, Keck était le PDG de VDO. En 1978, il acquiert les sociétés horlogères suisses en difficulté IWC et Jaeger-LeCoultre. Sous sa présidence, ces deux grandes marques se sont réinventées en tant que fabricants de montres.

En 1990, juste après la chute du mur de Berlin, Albert Keck , Günter Blümlein et Walter Lange ont fondé A. Lange & Söhne GmbH. Il décède en 2018 à l’âge de 90 ans. Néanmoins l’intervention de VDO dans le monde de l’horlogerie, en dehors des automobiles, est très limité d’ailleurs pour Jaz elle se limite à la seule année 1977.

Outre les quatre Jaz d’origine présentée en tête d’article, le fameux calibre VK est censé avoir doté les CORTIC, les ROBIC et RELIC au cours de cette même année 1977. Dès l’année suivante le calibre MK remplace le VK et à dire vrai, nous ne connaissons aucun exemplaire de ces horloges dotées du calibre VDO.
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