D’ordinaire cette rubrique , consacrée aux hybrides et faux Jaz , sert plutôt à dénoncer des assemblages de fortunes , souvent hideux ou ridicules . En revanche la qualité de base de fabrication de cette pièce , proposée par un commissaire priseur lors d’une vente sur place dans une maison de l’Indre le Lundi 13 Janvier 2020 , force un peu plus le respect que d’habitude puisqu’au premier regard ce travail de placage et de marqueterie semble avoir été conçu sur mesure autour d’un FONIC . Toutefois , on constate vite que la fenêtre d’ouverture n’épouse pas parfaitement la silhouette du cadran du FONIC , même s’il y a eu un effort pour faire correspondre le dessus avec son sommet en chapeau de gendarme . Hélas , nous ne disposons pas de vue de l’arrière de cet hybride puisque nous l’avons constaté sur les autres faux Jaz : si les contrefacteurs arrivent parfois à faire correspondre plus ou moins la lunette avec leur substitut , il n’est pas aussi aisé de faire correspondre également le dos ; Nous avons repris la description de Maître Anne Meillant-Jamet qui définit l’horloge comme étant de style Art Déco , même si les deux femmes , vêtues de voiles , tendent encore vers l’Art Nouveau , lesquelles ne sont pas sans rappeler , les danseuses grecques du GALLIC qui sont elles authentiquement et purement Art Déco . Le plus étrange étant , pour notre Jaz , la présence d’un éléphant sur fond noir qui s’accommode difficilement du voisinage avec ces nymphes aux voilages tourmentés .
La présence de cet éléphant est un donc peu étrange , même si l’association d’un pachyderme avec une horloge remonte au moins au XIII° siècle , avec la spectaculaire clepsydre de Al-Jazari et ses sept mètres de haut . Les pendules à animaux connaissent ensuite un grand succès sous le règne de Louis XV . Les animaux « exotiques » fascinent . Autruches, rhinocéros, éléphants, crocodiles, mais aussi sangliers, taureaux ou cerfs sont autant de motifs que l’on retrouve dans toutes les formes d’arts décoratifs sous le règne du Bien Aimé . La pendule à l’éléphant est le modèle le plus en vogue . L’éléphant animal noble et robuste , figure dès la Renaissance sur certaines horloges à automates exécutées notamment à Augsbourg .
La réalisation d’une pendule au XVIIIe fait appel à deux corps de métiers bien distincts par le système des corporations : le bronzier et l’horloger. Le savoir faire du bronzier associé à la maîtrise technique de l’horloger permet d’en faire des objets précieux et recherchés.
On verra par exemple de grands bronziers tels que Caffieri ou Jean-Joseph de Saint Germain collaborer avec des horlogers tels que Louis Leroy et Étienne Lenoir.
Ces grands bronziers créèrent de nombreux chenets ou pendules avec ces animaux . Les pendules à l’éléphant de Saint-Germain font partie des pièces les plus symboliques de ce goût . Il se présentait d’ailleurs ainsi dans son annonce: « Saint-Germain, maître fondeur, ciseleur et modeleur fait et vend toutes sortes de boetes pour dorer en or moulu ou en couleur d’or, comme bronze…, boete elephantes, à lion, à taureau et autres, fait les desseins, et modelles en cire, le tout à juste prix. » Pour un collectionneur de mobilier et d’objets d’arts du XVIIIe siècle, la pendule à l’éléphant constitue donc une pièce centrale à posséder . Ces pendules vont se prolonger dans un style Transition jusqu’au début du règne de Louis XVI . Elles reposent alors sur des socles rectangulaires composés de croisillons , de frises de grecques ou de postes grecques . Par la suite, le succès des pendules aux animaux durera pendant le XIXe siècle , période éclectique par excellence où l’on adore copier les styles de l’ancien régime .
Sur ce sujet , nous vous invitons à consulter ce petit film sur le site de la célèbre Galerie Kugel , du quai Anatole France à Paris , qui a présenté à plus de 10.000 visiteurs en 2016 une collection impressionnante d’horloges et automates dont ce livre est tiré .
Maria Kugel son père Alexis et son oncle Nicolas Les KUGEL sont parmi les plus grands collectionneurs d’horlogerie au monde depuis plusieurs générations et dorénavant les plus prestigieux antiquaires d’Europe . Nicolas et Alexis Kugel représentent la cinquième génération d’une dynastie d’antiquaires commencée en Russie à la fin du XVIIIe siècle avec Elie Kugel . Collectionneur de pendules et de montres , il vécut plus de cent ans et persuada son fils Joseph de devenir horloger afin d’entretenir sa collection . Ce dernier , pris au jeu , commença parallèlement un commerce de pendules et de montres d’occasion qu’il étendit peu à peu aux bijoux et à l’orfèvrerie . Son petit-fils , Matias (1876+1968) , grand-père de Nicolas et Alexis, spécialisé dans l’orfèvrerie , établit son commerce à Minsk et Saint-Pétersbourg. Jacques (1912+1985) , leur père , émigra ensuite à Paris en 1924 où en 1958 il ouvrit une galerie rue Amélie puis rue de la Paix . Il élargit alors son activité aux meubles et aux tableaux . En 1970 , Jacques s’installa au 279 rue Saint-Honoré et y acquit une réputation internationalement reconnue . À sa mort en 1985 , Nicolas et Alexis ont pris la direction de la galerie et perpétuent la tradition familiale .
Depuis 2004, la galerie est installée dans l’Hôtel Collot , 25 quai Anatole France, construit en 1840 pour Jean-Pierre Collot , directeur de la Monnaie , par Louis Visconti l’architecte le plus célèbre de son temps , auteur de la réunion Louvre/Tuileries et du tombeau de Napoléon .
Dans ce palais restauré et brillamment redécoré , les KUGEL organisent des expositions prestigieuses dont les catalogues deviennent des ouvrages de collection recherchés .
En 2018 , les KUGEL , ont vendu à la TEFAF de Maastricht , la plus prestigieuse foire aux antiquités du monde , cette colossale horloge issue de la la Collection Constantino Bulgari , en vermeil et ivoire , haute comme un gâteau de mariage à cinq étages , fabriquée à Augsbourg en Bavière en 1637 .

Pendule maçonnique Junghans
La mise en scène tape à l’œil , ou show off , fait partie de la supercherie , d’autant que le vendeur est américain . Il propose ce « marvellous » assemblage pour la modique somme de 450$ , depuis plus de deux ans sans se décourager , sans doute très fier de ce qu’il qualifie évidemment de Large Art Deco French Clock by Jaz ; il fallait bien y associer l’Art Déco comme beaucoup d’ignorants pour compléter le tableau de l’entourloupe , voir notre article sur
La victime est une TABLIC à chiffres romains . Il est plutôt rare qu’une horloge murale soit victime d’une hybridation de ce type ; en revanche il est très fréquent que les pendules ne soient pas dotés de leurs aiguilles ou mouvements d’origine car le changement de calibre d’une horloge est à la portée d’un petit bricoleur contrairement à un réveil qui nécessite des connaissances plus avancées .





Ce 


Evidemment ce type de décor trouve naturellement sa place dans notre rubrique des hybrides , néanmoins il faut lui accorder une indulgence , voire un respect , que nous n’accorderons pas aux autres assemblages . Il s’agit en effet d’une vraie création , d’un pur artefact d’Art Populaire comme on en trouve dans les écomusées . L’art Populaire est tantôt valorisé, pour la force, la simplicité, la sincérité, voire la naïveté de ses créations comme le prouve le regain d’intérêt récent pour
Cette fois c’est un





Horloge à poser en marbre ,
…de dos les rallonges qui dépassent ne laissent plus de doute sur l’hybridation
le calibre D a été mutilé de son ressort de sonnerie , laissant un trou béant en haut à droite .





Cette fois c’est un 



Pour une fois l’hybridation est assez réussie , puisqu’il s’agit d’un mouvement Jaz sur un boîtier en bakélite issu de la collection Japy , bien avant que
Ce

La facture est suffisamment artisanale pour qu’aucun doute ne subsiste sur l’origine de cet hybride qui emprunte le cadran et les aiguilles d’un FILIC .
L’emploi de la faux , du sablier et de cette devise : toutes blessent , la dernière tue méritent quelques explications et mises au point .
La devise d’origine est « Omniae vulnerant, ultima necat »… avec , sous-entendu, le mot « horae » heures , soit : « Omniae (horae) vulnerant, ultima necat »/ Toutes les heures blessent , la dernière tue .
Vous avez surement remarqué que les cadrans solaires sont souvent accompagnés d’une formule moralisante, comme si indiquer l’heure qui passe était avant tout un message sur la condition humaine . On y trouve , par exemple , souvent celle-ci : TEMPUS FUGIT , employée par Jaz pour le 

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