La facture est suffisamment artisanale pour qu’aucun doute ne subsiste sur l’origine de cet hybride qui emprunte le cadran et les aiguilles d’un FILIC .
FILIC 1959 à 1963
L’emploi de la faux , du sablier et de cette devise : toutes blessent , la dernière tue méritent quelques explications et mises au point .
La faux , le sablier et les ailes noires sont les attributs modernes de Chronos qui n’existent pas du tout dans la mythologie classique . Ce n’est qu’au XVII° siècle qu’il commence à être représenté ainsi . Effectivement , Dieu du Temps dans la tradition orphique , il est décrit à l’origine comme ayant une forme serpentine à trois têtes : une tête humaine, une tête de taureau et une tête de lion .
Dans la mythologie alexandrine et romaine, Chronos est le père des Heures , déesses qui sont les personnifications des douze heures du jour ou de la nuit qui répondent aux noms de : Augé la première Lueur du jour , Anatolé l’Aurore ou le Lever du Soleil , Musica l’Heure de la musique et de l’étude , Gymnastica l’Heure du gymnase , Nymphé l’Heure des ablutions et du bain , Mesembria le Midi , Spondé pour les Libations versées après le repas , Eleté l’Heure de la prière , Acté l’Après-Midi ou l’Heure du repas et du plaisir , Hesperis le soir , Dysis le Crépuscule ou le Coucher du Soleil et Actos la dernière Lueur du jour .
Certains associent , à tort, Chronos (Χρόνος) qui est la personnification du Temps au nom de Cronos (Κρόνος) le Titan , celui qui dévorent ses propres enfants . Il est vrai que la confusion est d’autant plus aisée que Cronos possède aussi des attributs du temps , comme la faucille avec laquelle , il avait émasculé son père Ouranos , le Ciel . C’est donc assez logiquement que le sablier et la faux seront , plus tard , associés à la faucheuse , personnification de la Mort .La devise d’origine est « Omniae vulnerant, ultima necat »… avec , sous-entendu, le mot « horae » heures , soit : « Omniae (horae) vulnerant, ultima necat »/ Toutes les heures blessent , la dernière tue .
Sous sa forme latine , on la trouve fréquemment sur les cadrans solaires , sous plusieurs versions possibles , mais tout à fait synonymes : omnes feriunt ultima necat ou vulnerant omnes ultima necat ou encore omniae vulnerant , ultima necat . Vous avez surement remarqué que les cadrans solaires sont souvent accompagnés d’une formule moralisante, comme si indiquer l’heure qui passe était avant tout un message sur la condition humaine . On y trouve , par exemple , souvent celle-ci : TEMPUS FUGIT , employée par Jaz pour le FUGIC dont l’origine est dans sa version complète : Fugit irreparabile tempus = La fuite irréparable du temps , qui est une citation du poète romain Virgile dans ses Géorgiques, liv. III, v. 284 . Leçon bien pondérée par Alphonse Karr dans Clothilde en 1839 : « Dans les livres de tous les temps et de tous les peuples, on trouve répété à chaque instant le fugit irreparabile tempus ; on l’a écrit sur le marbre, sur le papyrus, sur la cire, sur le papier ; ce qui n’a jamais empêché ceux qui écrivaient, lisaient et répétaient ces lieux communs, de passer leur vie à se plaindre des heures qui durent un siècle ».