Carte d’acheteur Jaz pour la Foire de Lyon 1924 , recto et verso , format 13,5 x 10,5 cm .
JAZ carte d’acheteur Foire de Lyon 1924 recto
La CIMH ou Compagnie Industrielle de Mécanique Horlogère est la raison sociale de Jaz qui n’est alors que son nom commercial . On le comprend aisément , cette carte est bien éditée par Jaz , mais sur un modèle commun à tous les exposants . Cette carte ne donne pas de privilège apparent au porteur , pas même l’entrée gratuite , sauf qu’un acheteur pouvait avec cette carte profiter de tarifs de transport réduits de 40 % et surtout d’un service d’aide à l’hébergement sur Lyon .Le petit caducée central n’a rien de médical , il est le symbole d’Hermès dieu des voyageurs , des commerçants et des orateurs ; ce qui justifie pleinement sa place pour une foire commerciale , si l’on veut bien oublier que , celui que les Romains nomment Mercure , était aussi la déité des voleurs . Ce que tout le monde désigne comme caducée pour les médecins est en fait le bâton d’Esculape et ce n’est que par analogie tardive qu’on évoque le caducée d’Asclépios pour les docteurs , à tort donc . Même erreur pour la coupe d’Hygie des pharmaciens qui comprend aussi un serpent .
Papier à en tête du comité de la Foire de Lyon en 1924
Le producteur de cette belle affiche et de la vignette est le même imprimeur lyonnais que pour la carte d’acheteur : les établissements typographiques et lithographiques des Frères Cohendet , rue du Commandant Fuzier .
Sur cette carte postale , au bout de la flèche rouge , on entrevoit l’entrée du groupe 50 , qui est donc celui des horlogers bijoutiers et orfèvres : ainsi , Jaz se trouvait dans ce groupe 50 , au stand 48 , comme indiqué sur la carte d’acheteur .
Cet agrandissement nous permet d’identifier les publicités pour les carillon GIROD de Morbier , deux publicités pour le célèbre orfèvre Apollo , dont on aperçoit la boutique , et les bijoux Fix , inventeur du plaqué or laminé , une des rares entreprises qui est encore existante de nos jours . Ce sont les câbles qui soutiennent les pancartes qui font cette sorte de quadrillage .
Ces trois marques sont complémentaires de l’offre de celle de Jaz proposait à un « horbijo« , si bien qu’on retrouve fréquemment leurs plaques émaillées ou logos côtoyant les publicités Jaz aux façades des horlogers , bijoutiers , joailliers .JAZ carte d’acheteur Foire de Lyon 1924 verso La typographie , employée au dos de cette carte pour le Mot JAZ , est très surprenante car elle ne correspond pas du tout à celle employée par Jaz de manière constante , dite à tête d’os , avant guerre .
PETITE HISTOIRE DES FOIRES et EXPOSITIONS DE LYON
Les foires avaient existé à Lyon dès le Moyen Age . En pleine guerre de Cent Ans , on intervint auprès du dauphin Charles , celui de Jeanne d’Arc , qui était encore Régent . Celui qui deviendra le roi Charles VII , accorde à l’ancienne capitale des Trois Gaules l’autorisation de tenir chaque année deux foires franches , c’est-à-dire exemptes d’impôts , ouvertes aux marchands de toutes nationalités , admettant les monnaies de tous les pays , forains et marchandises bénéficiant de la protection des soldats du roi , un concept très moderne pour en faire l’égale de celles de Genève , Francfort et Leipzig , avant d’être étouffée au XVI° siècle par la suppression de la franchise de taxes .
Le XIX° siècle n’est plus celui des foires , mais celui des Expositions Universelles , partout dans le monde . En 1894 , Lyon , dotée d’une ambition internationale , organise une Exposition Universelle et Coloniale , avec l’exhibition de 160 indigènes . L’Exposition ayant lieu sur le site du fameux Parc de la Tête d’Or et de son jardin zoologique , on peut vraiment parler de zoo humain .
Hélas , on s’en souvient essentiellement pour une tragique raison : le premier assassinat d’un Président de la République Française , à savoir Sadi Carnot venu pour l’inaugurer . En 1914 , l’Exposition Internationale de Lyon semble encore frappée par une malédiction puisque une énorme tempête affecte le 22 février toute la vallée du Rhône tandis qu’ une inondation emporte ses bâtiments avec que l’exposition ne commence ; elle sera en outre handicapée par les grèves puis l’état de guerre .
Néanmoins cette exposition de 1914 est un succès et l’emploi de l’immense Halle Tony-Garnier , conçue pour devenir ensuite des abattoirs , a marqué les esprits par son ampleur et son audace architecturale : l’équivalant de deux terrains de football et pas un seul pilier soit 210 m de long , 80 m de large pour une surface de 16 800 m² et une hauteur de 21 mètres
Pendant la Grande Guerre , l’oeuvre de Tony Garnier est transformée en arsenal militaire , puis devient l’immense abattoir prévu jusqu’en 1967 , avant une désaffectation et un abandon de vingt ans , pour finalement devenir une salle de concert modulable jusqu’à 17.000 places quand Bercy en reçoit 20.300 .
Bien d’autres bâtiments composaient cette immense exposition dont celui du Progrès de Lyon , pour qui Jaz réalisera en 1953 une horloge publicitaire aux couleurs du journal .
Avec cette Première Guerre Mondiale , le temps n’est plus aux Expositions Universelles . Étonnamment parce qu’en plein conflit , l’idée folle de créer une foire commerciale à Lyon en 1916 , aboutit . On couvre plusieurs quais du Rhône de petites baraques en bois , bien modestes , où les produits seront présentés et groupés par sections , sur une longueur frôlant les 2,5 kilomètres . Malgré les difficultés liées à la guerre , les industriels français et étrangers – alliés ou neutres uniquement – sont largement présents et la manifestation peut s’ouvrir à la date prévue. Ils sont 1 342 exposants, dont 143 étrangers parmi lesquels 77 Suisses, 43 Italiens et 14 Britanniques . « un lieu où l’on peut faire le maximum d’affaires , sur le minimum d’espace, dans le minimum de temps ».
En 1916 , Japy est encore la troisième entreprise de France : une entité qui fabrique les casques Adrian des Poilus , de l’outillage , des moteurs , des pièces de bicyclette , des luminaires , des meubles de jardin , des pompes , des moulins à café , des machines à écrire mais aussi des réveils et des horloges , évidemment s’agissant de son coeur de métier . Toutefois la séparation par sections professionnelles contraint Japy à occuper plusieurs stands , symbole prémonitoire de la dislocation de l’empire Japy après guerre dont Jaz reprendra la partie horlogère en 1954 .
Mars 1917, Raymond Poincaré – notez l’orthographe fautif ci-dessus – chapeau levé , visite la Foire devant les mêmes petites stands en bois qu’en 1916 , qui font face à un bel arc de bâtiments bas en pierre . Derrière lui , on reconnaît Edouard Herriot , tête nue et moustache , figure incontournable de Lyon et personnage central de la III° République qui sera , au total , maire de Lyon pendant 45 ans , ministre au sein de nombreux gouvernements , préside la Chambre des députés , puis de l’Assemblée nationale sous la IVe République et Président du Conseil des ministres à trois reprises , l’équivalant de notre Premier Ministre actuel .
à gauche les baraques en bois et à droite une enfilade bien plus noble , avec colonnes de pierre , derrière quelques soldats en permission .
On s’agglutine devant les baies vitrées mais les portes restent fermées aux badauds ,
En 1917 Herriot approuve le projet de construction d’un « Grand Palais » destiné à accueillir les foires . Il voit les choses en grand et en dur : il jette son dévolu sur un vaste espace de dix hectares disponibles entre le Parc de la Tête d’Or et le Rhône furent dévolus à la construction du Palais de la Foire .
Pour la Foire de Lyon 1919 , les affiches sont dans l’esprit du temps revanchardes et violemment et clairement anti-allemandes , particulièrement ciblée contre la Foire de Leipzig , la concurrente depuis 1420 ! Les exposants germains n’étant toujours pas admis à la Foire après guerre , on peut s’étonner de la présence des Émailleries de la Sarre . Mais Sarrelouis est occupée par le vainqueur français , sous mandat de la Société des Nations, et la région de la Sarre est détachée de l’Allemagne et devient une région autonome, la Saargebiet de 1919 à 1935 . Voyez notre article sur le Musée des Horloges du Länder de la Sarre .
Pour comparaison , rappelons que Jaz – fondée cette même année 1919 – a bien failli s’appeler OZARM , nom déposé par la direction le 25 Juillet 1919 , qu’il faut bien entendre ainsi : aux armes ! Et pas seulement comme allusion au début de la Marseillaise . Toutefois Jaz n’est pas à cette foire de 1919 , n’ayant commencé à produire des réveils qu’en 1921 .
Les acheteurs étrangers ont leur entrée ; le tramway traverse les 2,5 km de la Foire
Le palais et ses pavillons se construisent sur plusieurs années au bord du Rhône , adossé au Parc de la Tête d’Or . La petite colonnade de pierre , en arc de cercle , se trouve cachée de l’autre côté des bâtiments qui ont remplacés les méchantes baraques de bois .
Vue aérienne en 1931
Les grands pavillons ont des allées centrales qui donnent sur des galeries de tous côtés
Escaliers et ascenseurs permettent une circulation croisée en cas d’affluence
Les galeries sont constituées de stands relativement petits mais entièrement vitrés .
on pouvait ajouter des petits étals dans les couloirs
Visiblement , certains exposants manquaient encore de créativité pour la présentation ; Dans cet exemple , le stand est double , numéroté 20 et 21 . Nous savons par notre carte d’acheteur que Jaz ne disposait que d’un stand , numéroté 48 . Mais cela devait être largement suffisant pour une gamme encore bien restreinte en 1924 .
En 1937 , le choix proposé par Jaz à la Foire de Lyon est bien plus étoffé . Toujours au groupe 50 mais au stand 86 . Jaz ne ratera plus aucune édition de la Foire de Lyon , de Paris , ni la foire horlogère de Bâle lorsqu’elle s’ouvre aux entreprises étrangères devenue Baselworld en 2003 .
Mais aussi , en 1958 , l’Exposition Universelle de Bruxelles arrachant la médaille d’or dans sa catégorie .
Après soixante-dix ans de bons et loyaux services, la Foire internationale de Lyon émigre hors les murs devient Eurexpo et s’établit sur la commune de Chassieu depuis 1985 . Jaz n’y expose plus évidemment mais c’est un amusant réveil qui est la mascotte de l’édition 1996 .
LES DIFFÉRENTS MODÈLES DE CARTES
Carte d’acheteur 1917
Carte d’acheteur 1919
Carte acheteur 1920
Carte d’acheteur 1922
Carte d’acheteur 1924
Carte d’acheteur 1931
PÉTOLAT ANGENOT & JAZ
Cette carte postale , présentant un calicot Pétolat à la Foire de Lyon , est pour nous l’occasion d’évoquer les liens entre cette famille d’industriels et Jaz . Cette entreprise familiale , à laquelle est affilié un des rédacteurs de ce site , était la locomotive de l’industrie mécanique à Dijon , petit jeu de mot facile lié à l’activité de cette branche des Pétolat . Fondée en 1884 par Alfred Pétolat , l’entreprise était spécialisée dans la fabrication de matériel de chemins de fer et tramways ou en voie étroite pour les mines . C’est essentiellement en wagons qu’elle équipait de nombreuses compagnies de chemin de fer en métropole et dans l’Empire français .
La branche bisontine de cette famille était alliée aux Anguenot , qui ont assemblé dans leurs ateliers de Villers- le-Lac , les premières montres Jaz .
Cimetière des Chaprais Besançon , tombe André Anguenot 1885 +1936 . Au moment où Jaz voit le jour , en 1919 , Ulysse Anguenot 1849 +1947 , fabricant de montres à Villers Le Lac , cède son affaire à quatre de ses fils ; notons qu’il y avait eu quinze enfants . L’un d’eux Marius crée seul une entreprise à son propre nom , tandis que André ( 1885 +1936) s’associe avec ses beaux-frères Georges et Henri Pétolat dans l’entreprise d’horlogerie Pétolat Frères & Anguenot , à Besançon . Enfin Alfred et Gaston fondent Anguenot Frères devenue Herma et au fil des associations , assemblera les montres distribuées sous la marque Jaz .